Après le rejet global - un peu exagéré - de Dark Shadows, Tim Burton semble avoir voulu changer sa caméra d'épaule et troquer son univers contre un biopic étonnamment classique...


Exit Johnny Depp, exit Helena Bonham Carter, on assiste-là à une véritable révolution ! Mais un nom à lui seul suffisait à m'attirer autant qu'à m'intriguer : Christoph Waltz. Parce qu'en dehors du premier gros pétage de plombs de son personnage aux gros problèmes d'égo, que j'ai trouvé très excessif et mal amené, le clashesque acteur mérite à lui seul le visionnage de Big Eyes.


Ces fameux grands yeux donc. Appartenant à des fillettes peintes par la blonde angélique interprétée par Amy Adams - que l'on découvre d'abord prendre ses clics et ses clacs, sa fille, et quitter le foyer-familial-ce-qui-était-très-mal-vu-à-l'époque -, ceux-ci ne feront d'abord qu'intriguer un étrange peintre de rues (dans tous les sens du terme). Un beau parleur s'empressant de la demander en mariage, puis de mettre à profit son bagou et son sens aiguisé de la communication pour vendre les oeuvres de sa nouvelle femme, semblant davantage plaire que les siennes, et insistant pour en déclarer aux acheteurs potentiels, puis aux médias, la paternité. Il faut dire que comme beaucoup d'artistes, la belle n'est pas vendeuse. Et comme dans les années 50, c'est le patriarche qui décide et qui a forcément raison, celle-ci finit par se ranger à cette idée... Et ça marche ! Et même très bien. Jusqu'à ce que...


Sur le fond, quelque petit artiste que je sois, ce film ne pouvait que me toucher. L'art et le commerce sont antagonistes. Et sans une bonne communication (publicité, etc.) même un génie n'aura guère de chance de sortir de l'ombre, tandis qu'avec une excellente communication n'importe quel charlot peut avoir du succès. Et cela n'a jamais été aussi vrai. Regardez autour de vous. L'édition. La musique. Et puis le film aborde aussi le goût des masses, qui n'en ont finalement pas vraiment, ne faisant que suivre les modes. L'art se résume alors à un simple produit de consommation. Aussi, le personnage de Christoph Watz ne cesse de mentir et faire mentir pour mieux vendre, ce qui sous-entend que chercher à vivre de son art finit souvent par revenir à se prostituer.


Alors au final, si Big Eyes met un peu de temps à trouver ses marques, il termine - grâce à son scénario ahurissant et son acteur principal - par fonctionner, sans pour autant passionner. Bon, par contre, le dénouement s'avère sacrément attendu. Mais Tim Burton réussit tout de même quelque chose de cohérent et d'un peu différent, et ça c'est déjà pas mal. Même si le bonhomme semble un peu loin désormais de pouvoir retrouver la magie d'antan.

RimbaudWarrior
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le 8 févr. 2016

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