Critique : Candidat sérieux aux oscars, Birdman est un film à part entière, et risque bel et bien de gagner une bonne partie de la cagnotte de la cérémonie.

Difficile de parler de Birdman en tant que film tant son approche est totalement différente, il crée un genre à lui tout seul dans n’importe quel contexte, que ça soit dans son écriture, dans sa technique ou son âme artistique. C’est un long-métrage sur mesure en tout point, et qu’est-ce que ça fait du bien de voir ça, du talent accouplé de prises de risques sur une lueur d’audace et d’originalité.

Ecris, produit et réalisé par Inárritu, Birdman est son petit bijou, il y apporte un tel engouement que le fond en devient sensitif. Plongeant le spectateur dans un théâtre de Brodway dans l’éternelle quête d’un acteur oublié de tous pour son rôle de super-héros à revenir sur le devant de la scène et ainsi faire la première page des plus grands journaux du milieu. Le choix de l’acteur principal est loin d’être dénué de sens, le scénario a même été sans doute écrit en pensant directement à lui. En choisissant Michael Keaton le comportement du personnage en devient réel et s’immerge parfaitement dans celui de l’acteur. Echappé de la scène artistique pendant une longue période Keaton a eu du mal à revenir au niveau de popularité que lui avait engendré Batman (parfait sous-entendu de Birdman). C’est pourquoi dans le long-métrage ou dans la réalité les objectifs de Keaton et du personnage principal se rejoignent, et ça Inárritu l’avait bien compris et au vu de la qualité du film, Keaton devra bien une bonne poignée de main à Inárritu puisqu’il va sans doute lui faire décrocher l’oscar. Quoi de mieux qu’un oscar pour revenir au-devant de la scène, mais Keaton n’est pas le seul acteur à s’en tirer si bien, c’est là où la direction des acteurs est incroyable, certains ont beau jouer ne serait-ce que quelques séquences, c’est travaillé et d’une immense profondeur, bien que certains passages soit assez discutables dans leurs intérêts. Norton, Stone, Watts et tout le reste signent chacun des performances de haut niveau (un oscar pour Norton ?)

Encore un élément crucial de Birdman c’est sans aucun doute sa façon si particulière à amener les scènes, la plupart sont tournées sur des plans séquences, la caméra suit toujours les personnages sans ne jamais faire de fondu ou montage visible (bien qu’il y en ai lors des changements de lieux mais il reste difficilement visible grâce à la qualité de sa photographie). Défi de titan que ça soit pour Lubezki et l’intégralité du casting qui doit réaliser des performances continues qui peuvent être assimilées à des scènes théâtrales (évidemment totalement voulu au vue du sujet principal). Lubezki, directeur de la photo de Birdman réalise encore une fois un travail formidable, ressemblant à Tree Of Life dans sa façon de filmer si près les personnages pour retransmettre l’émotion à son apothéose bien que ce ne soit pas véritablement l’intérêt premièr du long-métrage. Sacré prouesse technique de tenter une telle approche, un véritable travail de mixage et de montage devait alors avoir lieu, c’est justement ce travail que Birdman a tendance à reprocher à Hollywood dans toutes ses approches subtiles de dénonciations d’un système inadéquat.

En effet, malgré l'importance première du film à faire progresser son acteur, l’enjeu est bien autre tant la recherche dans chacun des mots est importante. Les nombreuses critiques du cinéma moderne viennent couler sur un océan de satires discrètes. C’est en cela que l’on reconnait un scénario travaillé d’un scénario qui parait travaillé, dans la subtilité de glisser des sujets bien plus importants que ce que ne reflète la surface de l’iceberg. Malgré tout cela certaines scènes restent assez discutables dans leurs approches et leurs intérêts à faire autre chose que combler mais comment reprocher cela à un film qui en montre tellement plus. Rien que de voir les différents dialogues entre les personnages est un plaisir tant le niveau est élevé.

En accordant une touche de fantastique à l’œuvre, Inárritu crée un rythme spécial et se démarque, hésitant parfois entre l’imaginaire et le réel cette touche vient encore plus étoffer une œuvre riche et brillante.

Pour sa bande sonore, Inárritu fait appel à Antonio Sanchez, un total inconnu du cinéma, mais pas inconnu de la musique vu que ce dernier est un grand batteur Mexicain qui n’a plus à faire ses preuves. Signant ici sa première composition cinématographique, Sanchez délivre une ost symphonique dotée d’une constante rythmique de percussions et de cymbales qui aurait surement beaucoup plus à Simmons. Sans être d’un niveau exceptionnel, l’ajout des percussions constantes crée le stress des personnages dans les moments les plus sensoriels.

En conclusion, Birdman est une œuvre à part entière que ce soit dans son développement technique ou artistique. En écrivant d’une patte inspirée, Inárritu livre l’un des meilleurs films de cette année qui risque de remporter bon nombres de statuettes dorées.
KenshiMaster
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le 8 févr. 2015

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