Un film où tout le monde se regarde...
Iñarritu ce sera Amours Chiennes et 21 grammes. Mais depuis le mexicain est à la dérive. Son nom, son prestige, sa gloire et ses grands films lui permettent de monter d'ambitieux projets, de beaux projets, mais à mon avis c'est en pure perte...
Alors fort heureusement, mon humble avis n'influencera personne et ne nuira pas à la vie de ce film, qui s'apprête à amasser distinctions et louanges exaltées, je ne crains donc pas d'être assimilé à la critique qui passe ses nuits au comptoir du bar où le personnage de M. Keaton vient de temps en temps... Parce que je pense que ce film ne casse pas trois pattes à un canard...
Le plan-séquence, c'est bien, d'accord, en faire un procédé narratif c'est mieux... Tout doit être motivé dans un film. Et là hormis proposer un rythme de montage à l'opposé des films de super-héros survitaminés (ou plus généralement les pop-corn movies) je vois pas l'intérêt.
Clairement ce film est un manifeste pour le cinéma, non pour le spectacle-business dont les écrans sont inondés. Je loue d'ailleurs cet effort, mais alors quelle prétention chez Iñarritu ! Finalement, son film est à l'image de ses acteurs qui en font des caisses. Pour moi ce film aurait gagné en simplicité, en subtilité, en non-démonstration, car tout ce qu'il peut reprocher à ses cibles hollywoodiennes, finalement on le retrouve dans ce Birdman.
Je n'accroche pas et ne m'identifie à aucun personnage, ce qui est censé être une base (en général), mon intérêt glisse doucement vers le néant au fur et à mesure que le film déroule son "numéro d'acteur", son "incroyable faux plan-séquence" (qui est bien je le reconnais mais sans intérêt réel). On constate un manque d'écriture, ou plutôt de profondeur dans l'écriture des personnages. Hormis évidemment celui de Keaton.
Voilà un film donc qui dessert lui-même son propos. Dommage. Il y a pourtant des superbes idées. Le mec a du talent, c'est indéniable, c'est l'évidence même mais Iñarritu se regarde depuis trop longtemps, et on le constate amèrement dans Birdman.
Prendre Keaton, là n'est pas le problème mais pour une mise en abîme (référence à son passé de Batman chez Burton qui a cette époque était loin des Blaireaux Wheldon & Co, soit dit en passant), hors sujet et gadget. Keaton ou un autre c'est du pareil au même.
Une lueur dans ce faux grand film, la musique. Et son traitement, qui se fond, qui va et qui vient, selon le positionnement géographique des scènes dans la trame.
En tous cas il aura des oscars, c'est certain... et bizarrement cela me confortera dans mon avis...