It's a bird, it's a play, it's Birdman !

Birdman est le dernier film du très doué et très conscient de l’être Alejandro González Iñárritu. Il nous raconte comment une ancienne gloire du cinéma d’action va tenter de percer à Broadway en adaptant une pièce de théâtre à des kilomètres du genre qui l’a fait connaître. Il ne se passe finalement pas grand-chose dans Birdman puisque l’on suit pendant deux heures des acteurs qui tournent en rond, discutent, se disputent, s’aiment et rêvent chacun à leur façon de s’évader de cette prison dorée. Le choix de Michael Keaton dans le premier rôle n’est évidemment pas anodin et on ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec la carrière de l’acteur qui se résume à deux adaptations de Batman et à un grand vide comme on voit si souvent à Hollywood. Le sosie de Julien Lepers en fait des caisses et ça fonctionne plutôt bien dans le contexte du film. Le reste de la troupe n’est pas en reste et nous rappelle qu’un gars comme Edward Norton est décidemment bien trop rare au cinéma.



Mais la grande prouesse du film tient à sa mise en scène puisqu’il s’agit en fait d’un long plan séquence de quasiment deux heures. Le plus intéressant vient du fait qu’il n’y a pas d’unité de temps et de lieu. La caméra virevolte et peut parfaitement lier deux scènes avec les mêmes acteurs qui se situent ailleurs et bien plus tard dans le temps par rapport à la scène précédente. Le procédé finit un peu par se répéter car les scènes sont relativement courtes mais se révèle efficace au final. Après, on peut se poser la question de l’intérêt narratif de ce type de mise en scène. Il y a probablement une partie qui se résume à la simple volonté du réalisateur de livrer une performance technique (le film se termine quand même sur des applaudissements) mais dans l’absolu ça le fait, et ça le fait bien. Maintenant est-ce qu’on se rappellera du film autrement que par le simple plaisir visuel qu’il nous a offert ? Probablement pas et ça ne serait pas un problème si Iñárritu ne s’était pas embourbé dans un discours lourdingue sur le cinéma au milieu de son film. Pour résumer, le public est con et préfère Michael Bay à… Alejandro González Iñárritu. Ses morceaux d’art sont trop sensibles et sincères pour être compris par la masse et la critique. Un peu décalé quand on voit le succès de ses films et notamment de ce Birdman.



Loin de moi l’idée de minimiser les qualités de ce film qu’un discours un peu con ne saurait gâcher. Alors oui, Alejandro González Iñárritu se regardait filmer, aujourd’hui il s’écoute parler. Soit. Ca reste quand même un mec sacrément doué et son dernier film est une petite pépite de technique que n’importe quel amateur de belle mise en scène se doit d’aller voir.
Pipock
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le 4 mars 2015

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