Inarritu est devenu progressivement un réalisateur Hollywoodien. Le trajet effectué en est clairement visible entre Amour Chienne presque pulsionnel, vivace, coloré, agité, violent mais impactant et le très américain Babel qui outre son image monochrone abordait une pâleur autant dans l'image que le propos. Pour autant, il y avait encore quelque chose de l'auteur qui regardait la société humaine avec un regard acide mêlant pathos et cruauté dans ses films avec habilité. Quand on regarde Birdman on se demande franchement ce qu'il s'est passé.

Les films parlant du cinéma, du travail d'acteur, d'auteur et de la différence entre le théâtre et le cinéma il en existe un sacré paquet. Comme le sujet est de base très auto-centré et portant rapidement au narcissisme, rare sont les réalisateurs à s'en être tiré. Inarritu n'en fait clairement pas parti. Au lieu de dire quelque chose de vrai, il se contente de redire ce que d'autres plus grands ont pu en dire, espérant ainsi ravivé un souvenir et glaner par conséquent un espèce de statut d'auteur sacraliser à Hollywood, sauf qu'hormis un oscar, récompense de plus en plus douteuse qui n'a plus aucun sens aux yeux des cinéphiles pas plus qu'aux yeux du public, tout promet que Birdman sombrera dans un oubli mérité.

N'ayant rien à dire sur le sujet, Inarritu non seulement repompe les clichés qui parsème le cinéma parlant de cinéma et de théâtre, théâtralise son film au point d'en éjecter le peu de substance qu'on aurait pu y trouver. Vide et sonnant creux, Birdman compense par une prestation technique hors paire. Si la musique sert plus de cache misère, en revanche le cadre et la lumière est splendide et une véritable prestation artistique bien qu'on puisse reprocher trop de mouvement, jamais de plan fixe, ce qui finit inévitablement par donner le mal de mer au spectateur.

Le seul truc cool du film est de reprendre l'imagerie de Batman en montrant un Michael Keaton vieillissant, mais ce propos là n'est jamais approfondis, jamais véritablement exploré et finit par être conclu comme une sorte de petite plaisanterie à la fin. Dommage, Inarritu tenait là un sujet bien plus intéressant qu'un film nombriliste sur le théâtre.
Sophia
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le 24 mars 2015

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