Oui, je l'ai trouvée magnifique

Le film film de 2014, oscar de meilleur film, réalisateur, scénario original et photographie et nominés à ceux de meilleurs acteurs et acteur et actrice dans un second rôle, Alphonso Gonzalez Inarritu, qui m'avait déjà ébloui avec l’excellent "Babel", surpasse de loin Clint Eastwood en lice avec le bon "American Sniper" et Wes Anderson, pourtant nominé avec le brillant "The Grand Budapest Hotel", seuls films présents aux oscars que j'avais déjà vu avant "Birdman". Sans compter que le casting, comprenant Michael Keaton, le Bruce Wayne et le Beetlejuice de Tim Burton, et Edward Norton, un de mes acteurs actuels favoris pour ses performance dans "La 25ème Heure" de Spike Lee et dans "American History X" de Tony Kaye. Ayant déjà vu "The Grand Budapest Hotel", que j'avais trouvé grandiose, je me demandais comment faire mieux, et c'est sur Broadway que je reçu ma réponse.
Nous suivons ici Riggan Thomson, ancien acteur de renom grâce à son interprétation du super héros Birdman tombé dans l'oubli suite à son refus de tourner un quatrième volet à la saga. Pour redorer son blason, il décide de faire sa propre adaptation de "Parlez-moi d'amour" de Raymond Carver sur les planches de Broadway. Pour réussir à éblouir Tabitha Dickinson, critique au New York Times qui décide de la réussite ou non d'une carrière au théâtre, il sera aidé par sa fille Sam Thomson, ancienne droguée tout juste sortie d'une cure de désintoxication, Mike Shiner, acteur mythomane ne vivant réellement que sur scène, Lesley, jeune actrice ambitieuse mais fragile, et Jake, son producteur et ami.
"Birdman" n'a absolument pas volé ses oscars, à commencer par celui de meilleure photographie. A part les très, très peu nombreux passages montés au début et à la fin du film, tout se déroule en un seul et unique faux plan séquence absolument démentiel. La caméra fluide passe d'un personnage à un autre sans le moindre accroc narratif ou faux pas visuel. Ensuite, ses nominations pour le jeu d'acteur sont entièrement et il est presque dommage de ne pas les conclure par l'oscar. Michael Keaton est exceptionnel dans le rôle de Riggan Thomson, acteur fini à la recherche d'une nouvelle renommée et, coïncidence troublante, c’est exactement l'histoire de Michael Keaton, Batman pour Tim Burton tombé dans l'oubli depuis un certain temps. Edward Norton est hilarant dans sa performance de Mike Shiner, acteur mythomane et cynique volant l'histoire des autres afin de faire croître sa renommée et ne vivant réellement que sur les planches, buvant du gins pour être saoul ett tentant même de faire l'amour à une actrice sur scène. Quand à Emma Stone, son interprétation de Sam Thomson est fantastique ,et qui est je pense le personnage qui m'as le plus marqué, cette jeune fille droguée, exploitée par son père qui la laisse à part, ce qui ne l'aide pas, s'isolant sur un toit sauf pour des accès de colère envers lui. La batterie, presque unique instrument de la bande originale, ce qui est perturbant, est en accord total avec l'ambiance du film, le batteur faisant même quelques apparitions.Quand au scénario, il est rempli de messages à plusieurs degrés dont je ne pense qu'effleurer la surface. Au premier degrés, on peut y voire une satyre du cinéma de divertissement, représenté par le personnage de Riggan, ancienne star hollywoodienne tombée dans l'oubli suite à son refus de tourner un quatrième opus à la saga "Birdman". Pour ne pas être rentré dans le moule, il est évincé du système, mis à l'écart sans espoir de retour, bannis à jamais d'Hollywood, il va tenter un retour sur Broadway, où il est perçu comme une raclure du divertissement entachant l'art. Quant au personnage de Sam, une ancienne droguée, seule et légèrement dépressive, il représente bien l'impact du Star System sur la famille, délaissée et exploitée par la star de la famille. On peut également analyser les rencontres entre les différents acteurs de la pièce. Commençons par Lesley et Laura, l'une voulant la reconnaissance de la critique, l'autre seulement celle de Riggan, la célébrité ou l'affection. Vient ensuite celle de Mike et Laura, l'un dangereusement perfectionniste, l'autre encore faible et sensible, le professionnalisme et l'amateurisme. Mais la plus importante reste celle entre Riggan et Mike, entre le divertissement et l'art. Riggan Thomson, ancien star de blockbuster rejeté par son propre système auquel il a participé à sa renommée, ne rêve que de reconnaissance et de gloire, de retrouver sa richesse perdue par un renouveau au théâtre. Mike Shiner, acteur célèbre pour son tempérament indépendant, impulsif et colérique, qui déteste tous ces acteurs décalqués les uns sur les autres, ne méritants pas leurs renommées, ne s'impliquant pas dans leurs rôles, et ne rêve que de représenter la perfection du jeu d'acteur. Mais ils ont tous deux un point commun, , pour réussir dans leurs quêtes respectives, ils ont besoin du soutient de Tabitha Dickinson, critique au Times décidant de la réussite ou non d'une carrière. On leurs découvrira quand-même chacun une face opposée à ce que je viens de vous exposer. Malgrés sa carrière, Riggan a bon goût en matière d'acteurs, ne laisse rien au hasard et a un réel talent pour le jeu d'acteur et la mise en scène. Quand à Mike , si il ne vit réellement que sur scène, dans la vie réelle, il est grossier cynique, mythomane et égocentrique, n'hésitant pas à voler l'histoire d'un autre afin d’embellir sa vie après avoir demandé à Dickinson si les critiques étaient en fait des acteurs ratés. Quant à l'univers, il est d'un réalisme impressionnant. Non content de se dérouler dans un lieu réel, à savoir Broadway, et d'utiliser énormément de nom de marques actuel, il y est fait constamment référence au cinéma actuel, Martin Scorsese, Ryan Gosling, Robert Downey Jr., le nombre de citations de grands noms est assez important, ce qui crée un véritable encrage dans et une sensation de décalage par rapport aux personnages principaux, interprétés par de grands acteurs, mais au caractère, au nom, à l'histoire différente. La fin nous rend également perplexe mais je n'en dirais pas plus.
Donc je pense et avance sans crainte que oui, "Birdman" est le film de cette 87ème cérémonie des oscars, de l'année 2015 et un des meilleurs films sur le cinéma aux côtés de "Barton Fink" et "Ed Wood" et ne peux vous conseiller vivement de le voir au plus vite.