Julien Lepers a forcé sur le champignon

Birdman est difficile à décrire: on lit partout que c’est l’histoire du retour d’un acteur hanté par son rôle emblématique de super héros.


Oui
Mais pas que.


Birdman c’est d’abord une performance artistique:


les décors sont superbes: étonnants par leur simplicité, leur aspect parfois délabré mais toujours parfaits, juste comme il le faut.
La musique, tout en percussions et à l’image du film, capable d’aleterner le 100 à l’heure et l’inexistant, de se faire hyper discrète ou au contraire entêtante à un tel point qu’on ne serait pas surpris de voir un musicien débarquer dans une scène.
La caméra magique, avec un plan-séquence qui couvre presque l’intégralité du film, offrant des enchainements de scènes tout en fluidité et donnant l’impression d’un gigantesque tourbillon
Et des acteurs parfaits.


L’histoire portée par tous ces bons points est si simple qu’on ne lui rendrait pas service en l’éventant, alors que c’est cette simplicité qui lui donne un air de “déjà vu”, qui touche aux sentiments universels, de ceux qu’on est tous amenés à ressentir un jour.
Oui, au milieu d’un grand fatras, d’un n’importe quoi gigantesque, on retrouve nos petits rien, nos questions idiotes de bons terriens, notre besoin d’être reconnu, aimé, admiré, et de rester “au niveau”, de montrer qu’on est plus que l’image qu’on renvoie.


Le tout servi par des dialogues ciselés, à l’humour grinçant, qui font qu’on ne s’ennuie pas une seconde (ou alors juste une vite fait vers la fin qui traine un peu en longueur).


Ajoutez à ça la double mise en abyme du film:
-Michael Keaton qui fait un retour magnifique en incarnant un acteur has been qui a du mal à se défaire de son rôle d’homme oiseau (et pourquoi pas chauve souris pendant qu’on y est?),
- Son personnage d’acteur qui monte une pièce de théâtre sur le besoin d’amour alors que sa vie est aussi troublée que celle qu’il joue sur scène.


C’est comme si Inárritu avait voulu emboiter les histoires telles des poupées russes, si bien qu’on ne sait jamais ce qui nous touche le plus: de l’acteur Keaton, de son personnage tourmenté, ou de ceux qui gravitent autour de lui..


Tout se confond et tout est fluide, c’est un plaisir de voir un film aussi travaillé, diversifié et cohérent.


On frôle la perfection mais les 10 dernières minutes m’ont semblées superflues, un peu comme s’il était difficile de refermer le livre en gardant le rythme qui s’était installé dès la première scène (magnifique première scène au passage).

iori
8
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le 7 avr. 2015

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