Entre réalité et fiction, le phœnix renaît de ses cendres

♫ Musique ♫

Riggan, acteur déchu, qui incarnait le super-héros : Birdman, a connu son heure de gloire et tente désespérément de la retrouver en montant une pièce de théâtre à Broadway. Durant les jours précédent la première, Riggan va devoir affronter sa famille, ses proches, ses rêves et son ego. S'il s'en sort, le rideau aura peut être une chance de s'ouvrir...

Alejandro Gonzalez, réalisateur mexicain déjà connu pour 21 grammes et Babel arrive avec Birdman qui traite de l'adaptation théâtrale de Parlez moi d'amour, une nouvelle de Raymond Carver de 1981 ; et qui fait l'ouverture du festival international de Venise en 2014.

Toute ressemblance avec une personne existante est purement calculée

Birdman est interprété par Michael Keaton, le Batman de Tim Burton, qui ne s'est jamais remis d'avoir incarné ce super-héros. Entre l'amertume de son échec et son égo, Riggan veut remonter sur scène, tout comme Michael Keaton. Cette proximité entre le personnage et l'acteur interpelle nécessairement, laissant toujours le doute de savoir si l'on contemple le personnage ou la personne. Dressant ainsi un acide portrait de notre monde.

Un monde éphémère, superficiel et hypocrite

Une critique de la société mais plus précisément sur le monde du spectacle. Avec cette question sous jacente de savoir d'où vient la reconnaissance ? Des producteurs ? Du public ? Des critiques ? D'internet ? Riggan recherche cette reconnaissance extérieure. Après être passé par toutes les phases d'un processus de création : passant de l'exaltation à la remise en question profonde, allant jusqu'à la rage et au dégoût de soi ; Riggan recherche cette reconnaissance qu'il n'obtiendra finalement jamais. Car comme on le voit Riggan n'est ni célèbre, ni reconnu, il est simplement viral de par son humiliation. Et nous touchons du doigt, toutes ces questions autour d'internet et du besoin de popularité de certaines personnes qui deviennent connues mais pas forcément dans le bon sens du terme.

Le plus long faux plan-séquence de l'histoire du cinéma

Ce qui est intéressant avec Birdman, c'est surtout sa mise en scène et ce choix de plan séquence. Grâce à des trucages très bien réalisés nous suivons la vie de Riggan sans coupure (environ 48h), rendant un visuel sublime où nous glissons auprès de lui sur pratiquement la totalité du film. Il faut reconnaitre la difficulté d'avoir choisi de filmer ainsi mais surtout la qualité. Un plan séquence est d'une extrême complexité sans compter qu'il ne doit pas y avoir plus d'une douzaine de plans séquences. A noter, aussi l'incroyable plan séquence de Mickael Keaton en slip traversant Time Square

Mais au delà d'un dénouement cauchemardesque, le film renoue avec une forme d'innocence qui parvient à nous toucher avec des acteurs de talent comme Naomi Watts, Edward Norton, Emma Stone...

Nous sommes transportés dans ce vicieux et virtuose théâtre de la mise en abyme où le phœnix s'envole dans une poésie assommante.