J'avais évité Birdman à sa sortie en salles, et j'avais entendu plein de choses à son sujet, des réactions très contrastées. Aujourd'hui, je l'ai vu, et finalement il me paraît plutôt anodin : c'est un petit film - bien qu'il voudrait avoir l'air de beaucoup plus.
Ce que traduit Birdman, c'est surtout un immense besoin de reconnaissance ; chez le protagoniste évidemment, qui voudrait redevenir l'idole qu'il a été autrefois, mais aussi chez Inarritu, qui voudrait obtenir du gotha critique et plus généralement du public entier une admiration béate. "Tu confonds l'amour et l'admiration" dit son ex-femme à Michael Keaton. C'est la racine et la visée du film. La dernière image, c'est d'ailleurs un regard, celui d'une fille sur son père qui s'est envolé : on ne vit que dans le regard de l'autre - c'est l'aveu d'un cinéaste qui veut plaire à tout prix.
Pour parvenir à ses fins, Inarritu déploie une esthétique de la séduction qui transparaît à chaque instant. Sa mise en scène est faite pour être vue et le scénario ne se permet aucun temps mort : il faut tenir un rythme d'enfer, ne jamais lâcher le spectateur, et tant pis pour la retenue. Le constant surrégime du film, c'est ce qui le fait tenir debout, ce qui le rend plaisant, mais c'est aussi - bien sûr - sa limite.
Il est d'ailleurs paradoxal que ce soit le personnage antagoniste à celui de Keaton, Mike Shiner (Edward Norton), qui nous apparaisse le plus séduisant : sa désinvolture - si elle cache l'impuissance et la déconnexion avec la réalité - le rend autrement plus classieux que Thomson, le has been égocentrique en slip blanc. Quant à Emma Stone, elle est tout à fait insupportable.
C'est ça Birdman, c'est séduisant mais c'est l'exact contraire de la finesse, comme une fille jolie mais beaucoup trop vulgaire.