Patrice,gynécologue surmené,et Eric,restaurateur en faillite,sont amis depuis l'enfance et tous deux las de leurs existences qui ne les satisfont pas.Ca tombe bien car ils chutent dans l'escalier de la cave et se retrouvent propulsés en 86,ce qui leur offre l'occasion de recommencer leurs vies autrement.C'est évidemment impossible et très con,mais guère plus qu'une DeLorean franchissant le mur du son ou qu'une formule magique médiévale.Circonstance aggravante,la représentation des personnages.Les mecs sont renvoyés à leurs 17 ans,tout le monde autour les voit à cet âge,eux-mêmes se contemplent sous cette apparence dans les miroirs,mais quand ils se regardent entre eux ils ont leurs physiques réels de quadras.Quant au spectateur,il est condamné à les voir parfois jeunes et le plus souvent vieux,sans raison logique scénaristiquement parlant mais de manière très cohérente d'un point de vue économique.Parce que si on paye à prix d'or deux stars du comique français,ce n'est pas pour montrer deux gamins à la place.Vu que c'est une production EuropaCorp,il ne faut pas s'attendre à des miracles.C'est réalisé et coécrit par Dominique Farrugia,l'ex Nuls qui n'a jamais cassé des briques en tant que cinéaste.Sept longs-métrages en 24 ans,rien de vraiment déshonorant mais rien de mémorable non plus.Les films de paradoxes temporels sont riches de possibilités et généralement très payants,il est difficile de se gaufrer avec ce genre de sujet,pourtant Farouge y parvient plus ou moins.Une fois admis le principe,certes débile,du voyage dans le temps,d'immenses développements s'offrent à l'imagination,encore faut-il en avoir.Là,on reste à la marge continuellement,on croit toujours que ça va décoller,que le potentiel d'humour et d'émotion espéré va apparaître,et puis non.Le scénario rame laborieusement et navigue à vue,les gars essayant timidement d'échanger leurs vies.Quelques situations fonctionnent,Farrugia exerce encore à l'occasion son sens de la vanne,mais jamais l'histoire n'arrive à exploiter les possibilités qu'elle recèle.On attend que les héros utilisent leur connaissance du futur pour faciliter leur vie dans cette France périmée,ou que des interactions amusantes surviennent entre eux et les personnages du passé qu'ils côtoient,mais rien de tout ça ne se produit,le film se déroulant platement en se contentant de quelques gags rarement inspirés.Le réalisateur meuble en multipliant les détails vintage et les références eighties.Au final,ainsi qu'on pouvait s'y attendre,ils réintégreront leurs vies car on ne mène jamais que l'existence qu'on est capable d'avoir,ni plus ni moins.Il y a certaines scènes qui sont carrément embarrassantes,comme celle d'Eric rencontrant Zidane enfant,dégoulinante de connerie,ou la conclusion aberrante concernant le même Eric,totalement insensée et dictée par une féroce intention de clore sur un happy-end.En revanche,d'autres sont bien vues,telles que les séquences de l'accouchement ou des rapports de tendresse entre parents et enfants,ainsi que le running gag du téléphone pas portable.Kad Merad et Franck Dubosc font preuve de leur abattage coutumier et tiennent solidement la baraque dans leurs emplois habituels du grand calme naïf et du branleur volubile.Gérard Darmon et Julien Boisselier sont excellents dans les rôles des pères,le popu et le collet-monté.Les filles sont charmantes,qu'il s'agisse d'Alexandra Lamy,Elodie Hesme ou Ariane Brodier,mais leurs participations sont réduites à la portion congrue et elles jouent les utilités.