BlacKkKlansman - J'ai infiltré le Ku Klux Klan par Kroakkroqgar

Ce n'est une surprise pour personne : 'BlacKkKlansman' dénonce l'absurdité du racisme aux Etats-Unis. En revanche, l'intelligence et la variété des formes de cette dénonciation font de l'oeuvre de Spike Lee un film immanquable de l'année 2018.


Fondé sur un comique de situation invraisemblable (l'histoire absurde mais vraie d'un policier noir qui a eu le culot de demander à adhérer au Klu Klux Klan), le récit fait également preuve de beaucoup d'humour dans son développement. Le réalisateur s'affranchit très vite des faits réels pour pousser au paroxysme l'effronterie de Ron Stallworth et la naïveté des membres du Klu Klux Klan. En résulte des dialogues à la fois hilarants en forme de joutes orales de racisme, des moqueries à peine voilées à l'encontre de Donald Trump et un final cynique mais amusant. Malheureusement, rire de la bêtise humaine s'accompagne toujours d'un relent de désespoir.


La force de 'BlacKkKlansman', c'est d'accueillir ce désespoir à bras ouverts pour mieux l'illustrer à travers des contrastes ingénieux. La fraternité des membres du Klu Klux Klan lors d'une séance de tir est balayée par la découverte des silhouettes utilisées comme cibles, l'innocente cérémonie des hommes encapuchonnés est mis en parallèle avec les horreurs du racisme après la guerre de Sécession. Et si le récit est dans l'ensemble assez gai, le montage d'images d'actualités qui conclue le film est d'une violence à couper le souffle. Jamais une comédie n'aura laisser le spectateur aussi traumatisé avant le générique.


L'oeuvre de Spike Lee profite également d'une réalisation léchée. La construction des plans, les mouvements de caméra, le montage et la photographie sont d'une grande maîtrise et représentent un exemple de mise en scène. On retiendra entre autre la séquence solaire dans la boîte de nuit, et les écrans partagés lors des conversations téléphoniques amusantes. En outre, la bande originale de Terence Blanchard est excellente, notamment les deux thèmes principaux 'Blut Und Boden (Blood and Soil)' et 'Photo Opps' aussi lancinants que marquants.


Enfin, la direction d'acteur est irréprochable : John David Washington est parfait, tout en retenu mais sympathique à souhait, Adam Driver fait preuve d'une assurance hilarante, Topher Grace est génial en David Duke, et les seconds rôles sont tous réussis.


Immanquable.

Kroakkroqgar
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le 11 sept. 2018

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