Avec Blackkklansman, Spike Lee frappe fort et délivre une comédie au message politique féroce. L’action a beau se dérouler dans les années 70, elle a une résonance considérable dans un Amérique Trumpiste plus divisée que jamais, et qui regarde incrédule la parole raciste et même suprématiste se libérer. L’actualité et la contemporanéité du propos sont indiscutables et composent l’un des nombreux ressorts comiques du film, bardés de référence piquantes à l’actuel président américain et à son électorat de base. Car Blackkklansman est drôle, vraiment, et s’appuie largement sur son pitch décalé, récit improbable mais vrai d’un flic noir infiltrant le Ku Klux Klan via un flic. L’humour avec lequel Spike Lee traite son histoire est un outil saillant aux coups imparables. Il fait rire autant qu’il dénonce, et inversement. La mise en scène rythmée, pop et inventive même si parfois peu subtile, confère une certaine coolitude au film (incarné magistralement par John David Washington (fils de), révélation), sans pour autant négliger l’action et le suspense qui finissent par prendre le pas. Son impact est d’autant plus fort lorsqu’une scène abordée sur un ton humoristique s’achève sur des situations ou des propos glaçants (le générique de fin illustre parfaitement cette dichotomie et fait froid dans le dos)
Blackkklansman offre une nouvelle représentation au cinéma de la recrudescence des conflits interraciaux aux Etats-Unis, de plus en plus violents et clivants. Il n’a pas la puissance métaphorique d’un Get Out, ni la précision d’une série comme Dear White People qui multiplie les points de vue, mais il va au combat avec ses armes, l’humour et l’énergie. Et il le fait très bien.

Créée

le 29 août 2018

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