Voilà un film au synopsis alléchant. Rien que d'imaginer les gars du Ku Klux Klan se faire entuber, c'est attrayant, d'autant plus que BlacKkKlansman s'inspire d'une histoire vraie.
Ce film est très bien rythmé, on est toujours dans l'action, les phases d'infiltration sont captivantes, et le casting très bon, notamment Adam River dont le double jeu ne transparaît jamais, ainsi que Jasper Pääkkönen dans le rôle de Félix, dont on redoute continuellement un éventuel coup de folie. Tout cela installe une tension quasi-omniprésente, on ne s'ennuie jamais.
Mais je ne suis pas sûr de la direction que prend le film. La ségrégation est un sujet grave et important, il a été traité maintes fois par le passé. A titre d'exemple, si je devais citer un autre biopic récent sur le même sujet, je citerais bien évidemment 12 Years a Slave. Mais les deux films traitent la ségrégation de deux manières très différentes, et celle de 12 Years a Slave m'atteignait plus.
Tandis que le film de Steve McQueen cherche à choquer et à foutre mal au bide, celui de Spike Lee opte pour un ton beaucoup plus léger. Entre les scènes tendues peuvent s'insérer des moments romantiques ou même comiques. Il s'agit moins d'un drame que d'un film policier, et son genre se prête moins à faire passer des messages.
Alors bien sûr, il y a tous ces témoignages qui arrivent dans les scènes finales, les images violentes, les dénonciations des propos de Trump ou de David Duke, là le film prend une véritable ampleur politique et nous rapproche du véritable, de notre monde à nous. A cet instant, il prend son sens. Mais ce n'est pas tellement rattaché au reste du film, et le ton est beaucoup plus grave dans ces scènes de fin. Ce n'est pas comme dans American History X, par exemple, où les scènes chocs sont omniprésentes et participent à l'atmosphère du film.
Ce n'est pas que les choix que Spike Lee soient mauvais, mais ils sont juste d'après moi moins percutants. En dehors de cela, le film en tant que tel reste vraiment cool, il se regarde facilement et est plutôt immersif.