Where's my mind?

Issue de la série de films exclusifs Amazon, « Welcome to the Blumhouse », produit par Jason Blum, Black Box nous raconte l’histoire de Nolan (Mamoudou Athie) qui a perdu sa femme et sa mémoire à la suite d’un accident de la route. Vivant avec son handicap et aidé par sa fille, Ava (Amanda Christine) et son beau-frère, Gary (Tosin Morohunfola), il accepte un traitement expérimental menée par la Dr Brooks (Phylicia Rashad), qui lui permettrait de lui faire retrouver la mémoire, mais ce traitement va faire douter Nolan sur ce qu’il est réellement. Ceci est le tout premier long-métrage du réalisateur Emmanuel Osei-Kuffour, qui est également co-scénariste.

Le récit est divisé en deux parties assez distinctes : dans un premier temps on introduit les personnages principaux, on les observe, jusqu’au moment où Nolan va faire son traitement, qui va être, en quelque sortes, un moment de transition pour l’histoire, et qui va amener le spectateur vers la 2ème partie. C’est là qu’on peut assez facilement trouver les qualités et les défauts de Black Box. La première partie est vraiment engageante, on se plonge très vite avec les personnages, notamment celle de Nolan, qui essaie, tant bien que mal, de vivre un quotidien normal. On le voit être vraiment en difficulté, oubliant très vite ce qu’il doit faire. L’acteur retranscrit assez bien la détresse que peut représenter la perte de mémoire qui va être, d’ailleurs, le véritable moment horrifique du film, car sans mémoire, on perd une partie de notre existence, on perd notre repère. Le film bâti le lien important entre Nolan et sa fille. Malgré son jeune âge, elle va être le soutien moral de son père, elle va être sa mémoire. Elle se montrera stricte envers lui et n’hésitera pas à faire des remarques. Cette relation sera le tissu émotionnel du récit, et c’est, ici, le plus gros point fort du film. On peut noter également une mise en scène plutôt soignée, surtout lors des séquences du Black Box, qui pourrait très facilement vous faire repenser à Get Out, notamment avec l’emplacement de la lumière, braquée sur Nolan, alors qu’il est dans le néant. La caméra se révèlera être beaucoup plus vivante dans ses mouvements et sera plus proche de Nolan lorsqu’il sera à la recherche de sa mémoire perdue. On peut noter aussi quelques effets optiques, comme la distorsion autour du personnage lorsque ce dernier visite les bribes de souvenirs cachés dans un coin de son cerveau. La colorimétrie va elle aussi changer, passant d’un ton chaleureux et plutôt lumineux dans la vraie vie, à un ton beaucoup froid et sombre dans les souvenirs.

Mais c’est à partir de la 2ème partie que le récit perd un peu de son souffle, car lorsque la 1ère partie faisait engager le spectateur avec les personnages, mais aussi aux petits indices que laisse le film au fur et à mesure, en cherchant à savoir qui est vraiment Nolan, dès lors que la révélation est montrée, le voile du mystère a disparu, le cheminement des personnages est déjà toute tracé, et on sait comment le film va se conclure. C’est un peu dommage que le réal ne soit pas parti au bout de son concept, car on pouvait bien imaginer une narration plus tortueuse, plus risquée. Malgré tout, la conclusion, bien que simplette, est plutôt satisfaisante pour les personnages, et l’aspect émotionnel demeure intacte. On peut aussi se questionner sur le fonctionnement du traitement expérimental, sur sa partie mémorielle, qui est un peu flou.

Un concept sympa, une exécution plutôt solide mais qui ne va pas aller au-delà de son traitement, Black Box tient franchement la route grâce à ses personnages, à son enveloppe émotionnel bienvenu, à des idées de mise en scène plutôt inspirées, et nous questionne sur la recherche de notre identité lors d’une perte de mémoire.