Comme promis dans le titre, « Black Coal » est un polar noir. Il y a néanmoins un travail des couleurs qui est fascinant, et dans la blanchisserie on trouve une lumière éblouissante.
Noir comme la couleur de l'ambiance générale du film. Le scénario sombre livre une enquête en quête de clarté. La trame est très bien travaillée. La construction est fondée et repose sur des détails
discrets. Mise à part la doublure de la veste rien n'est trop évident, ou au contraire ne se retourne inopinément. Cette écriture sobre génère une intrigue réaliste mais presque alambiquée. Malgré le rythme très lent, autre élément de justesse, il est difficile de saisir tous les indices et allusions semés. Avec cette petite complexité, conjuguée à l'atmosphère obscure, une première vision ne suffit pas à entrer pleinement dans le film. L’enchaînement des scènes finales est un peu fatiguant. On retrouve tout le paradoxe propre au cinéma asiatique, une extravagance contenue dans un climat plus que tempéré. « Black Coal » s’alourdit des codes tourmentés et complexes du film noir asiatique, un scénario qui travail trop sa conclusion. Clairement, le dernier quart d'heure est une surenchère pas nécessaire. Néanmoins, il n'y a que son personnage principal qui soit franchement apathique. Le film est coloré, à la fois édulcoré et pimenté. Noir, comme la couleur de l'humour présent dans ce deuxième Yi'nan Diao.
Rouge, comme le sang versé à flot et le symbole de l'extrême virulence qui règne dans le film. Un peu façon Tarantino, il y a profusion de violence. C'est plutôt cocasse tellement ça déborde.
Rouge, comme la couleur qui contraste le noir très présent, autant dans l'ambiance que la photographie. Visuellement c'est captivant. Grande mise en scène superbement bien cadrée et bien posée. La musique occupe une place importante et complète la photographie saisissante. Les décors sont splendides. Le simple plan chronique axé sur la porte ouverte entre deux wagons d'un tram est formidable.
Blanc, comme la lueur Lun-mei Gwei. L'actrice illumine « Black Coal ». La couleur de la pureté est à la fois glaçante et chaude. L'hiver donne une ambiance proche de « Fargo » des Coen. Quand il s'agit de la scène de repas, le blanc devient une couleur chaude. La scène donne faim tant la nourriture est éclatante de beauté.
Polar noir qui étend sa palette de couleur. Une trame sombre éclairée par une virulence et un charme qui sont atypiques autant qu'authentiques.