Black Kitty

Bon, la hype autour de ce film a tendance à me peser étant donné que je juge une œuvre sur ce qu’elle vaut et uniquement cela. Je me fous un peu de qui est derrière (son sexe, ses origines, son statut social, son passé et les histoires qu’il a vécu ou non). Bien entendu, je suis pour la diversité qu’elle soit sexuelle, continentale ou religieuse car cela permet d’obtenir des œuvres plus diversifiées en soi. Maintenant je dois faire partie des connards qui ne voit pas de différence entre un euro-américain et un afro-américain, pour moi, ce n’est juste qu’un américain… Voilà pourquoi j’ai fortement attendu avant d’écrire cette critique (et ce qui me vaudra sans doute un nombre incalculable de dislikes mais bon)…

Donc non Black Panther n’est pas le premier film de super-héros mettant en scène un personnage principal noir (merci Blade, Spawn, Hancock, …).Oui, Ryan Coogler est plutôt doué comme réalisateur, je suis le premier a avoir acclamé le film Creed, le trouvant très réussi (je n’ai malheureusement pas encore eu la chance de voir Fruitvale Station). Et oui, Black Panther est divertissant et transmet une good vibe générale assez agréable à la sortie de la séance mais de là à crier au génie et à le faire passer pour un excellent film, ça me dépasse… Et pourtant j’adore l’univers Marvel.

Étant donné que je dois écrire la 782ème critique sur le sujet et qu’il y en a certainement des biens mieux rédigées que je ne pourrais jamais le faire (ça aide d’être vraiment enthousiaste sur le sujet pour bien écrire), je ne vais pas m’étendre particulièrement en longueur. Je vais commencer par les points que j’ai véritablement apprécié et je suivrai par les raisons qui me font voir ce film négativement.

But in times of crisis the wise build bridges, while the foolish build barriers. We must find a way to look after one another, as if we were one single tribe.

Donc dans les points forts, je note que:

• Le film n’hésite pas à faire de la dénonciation politique (malheureusement celle-ci est souvent balancée dans une punchline et puis n’intervient plus).




• Michael B. Jordan (acteur fétiche du réalisateur) incarne un méchant avec un vrai background qui permet de comprendre comment il en est arrivé là ce qui lui donne de la crédibilité. C’est assez rare dans l’univers cinématographique Marvel que pour être souligné. Malheureusement le personnage manque cruellement de personnalité. Entre le mannequin et le mec hurlant de rage, il y avait de la place à plus de nuances…




• Les thèmes abordés sont intéressants. Entre l’héritage qu’un enfant doit perpétuer et la notion d’ouverture de la nation à une époque où le nationalisme politique resurgit.




• L’humour est tempéré tout en restant présent. Et cela fait du bien après un Thor : Ragnarok qui avait trempé bien lourdement dans la casserole à blagues…

Did he freeze? -Like an antelope in headlights.

• Le caméo de Stan Lee qui est devenu la marque de fabrique des studios Marvel fait vraiment partie de ses meilleures interventions. Bon, c’est un détail dans le film mais pour le fan service, c’est très important !




• Danai Gurira aka Michonne est vraiment trippante dans le film et cela fait du bien de la voir sortir des productions merdiques (à l’exception de Walking Dead) où on la voit évoluer habituellement.




• Il n’y a que deux blancs : Gollum (Andy Serkis) et Bilbon (Martin Freeman), l’un est méchant, l’autre est gentil mais surtout au final, ils ne sont que des pions sur un échiquier africain et cela fait du bien pour un film dont l’action est située sur le plus ancien continent que l’homme ait foulé.

Don't scare me like that, coloniser!

Et l’on passe maintenant aux points négatifs du long métrage :

• Klaw, on en parle ? Pourquoi introduire ce personnage mythique de l’histoire de Black Panther pour en faire cela ? Alors oui, Andy Serkis cabotine agréablement et en fait un personnage fun à voir évoluer à l’écran. Mais cela aurait pu être un mercenaire lambda assoiffé d’argent et basta. Mon Black Panther #53 va perdre en valeur après ce coup-là, c’est certain !

  
  

  Au lieu de le tuer bêtement d’un coup de fusil, il aurait pu le laisser pour mort et qu’il revienne pour l’épisode 2 tel qu’on le connait. Mais là, vu que son corps est trimballé jusqu’au Wakanda emballé dans une housse et ensuite confié à ses ennemis, il y a peu de chance que cela se produise… Ou alors ce serait du foutage de gueule !




• J’ai entendu dire, preuve de la mauvaise foi totale derrière cette hype, que la course-poursuite (qui n’est qu’une mauvaise pub pour Lexus mettant en scène leur dernier coupé LC 500) enterrait toutes les scènes jamais montrées à l’écran dans Fast N’ Furious… Bitches, please ! Le mec se sert de la caisse comme d’un skateboard… La dernière fois que j’ai vu une scène de poursuite automobile plus mauvaise que cela, cela doit remonter à Wanted qui avait fait fort dans le domaine… Cette course-poursuite est juste d’un ridicule ! Même si les couleurs et l’éclairage tout en néon du décor coréen est de très bonne facture.

You... you want to go to Wakanda? They're savages!

• À plusieurs moments, je me suis cru dans le Roi Lion… Sérieusement ? Notamment à cause de l’ambiance musicale. Certes, ce n’est pas désagréable mais j’aurais préféré des chants guerriers avec de grosses percussions de tambours et des rythmes s’enflammant que des kumbaya hippies. Mais bon d’une manière générale l’ambiance musicale est assez cool. C’est un peu comme quand en soirée posé à la maison tes amis se disputent avec ton compte YouTube et que cela passe du gros rap US ou de la bande originale du Roi Lion selon si les mecs ou les filles ont pris contrôle du clavier… Mais le tout collant impeccablement aux images, faut bien le reconnaitre, de ce point de vue, c'est efficace!




• Le personnage de Black Panther en lui –même (joué par Chadwick Boseman) manque cruellement de personnalité dans cet épisode. Dans Civil War, il avait été introduit comme un personnage suprêmement classe et même dans sa posture, il était d’une élégance folle. Ici, il manque de hargne, de dépassement de soi, d’entêtement et de violence animale également. Il est trop lissé et introverti à mon goût. Tchalla doit vaincre l’esprit du Dieu panthère pour accéder à ses pouvoirs normalement et en avoir le contrôle. Voilà une lutte intestine qui aurait été intéressante d’être transposée à l’écran et qui lui aurait sans doute permis d’exprimer plus de rage intérieure et l’aurait rendu plus intéressant.




• La petite sœur à Black Panther, Shuri (Letitia Wright), qui en fait trop… Élément et comique et remplaçant Q comme si on était dans un mauvais James Bond est trop exagéré ici. J’avoue que j’ai trouvé son personnage un peu agaçant.




• M’Baku qui est Man-Ape mais qui ne sera jamais appelé par ce nom. C’est un personnage relativement peu intéressant dans son ensemble dans le comics bien que récurrent mais qui a pourtant une background story qui elle l’est. Le second meilleur guerrier du royaume qui acquit des pouvoirs pouvant lutter contre le Dieu panthère en tuant un gorille blanc à mains nues et en baignant dans son sang après avoir mangé sa chair. Il est pour une vie simple et voudrait que l’état du Wakanda retrouve sa forme primitive loin de la déchéance que cette technologie engendre. Je suis un peu déçu de ne pas l’avoir vu dans son costume guerrier avec sa peau de gorille lui recouvrant la tête, cela aurait été visuellement impressionnant.

  
  

  Par contre le coup de la demande d’alliance où le chef répond pas la négative et puis intervient in extremis au dernier moment pour sauver la mise des ‘gentils’, il faut arrêter ça en 2018… On nous a déjà fait le coup avec Jon Snow, enough is enough !




• Les scènes de baston sont relativement illisibles dans leurs mouvements. Ça part dans tous les sens et il y a souvent trop de protagonistes à l’écran. Ce qui est dommage parce qu’au niveau de la chorégraphie, cela semble plutôt bien foutu.

  
  

  Comme cette scène finale d’affrontement avec ses protagonistes qui sortent de tous les côtés sans que le peuple juste à côté dans la mégapole ne se rendent compte de rien. Pourtant des rhinos dégueulasses lancées en pleine charge, ça doit faire de la vibration en masse… Ah, mais suis-je bête, le vibranium absorbe les vibrations et toute forme de choc, raison pour laquelle le bouclier de Captain America en est entièrement constitué… En a-t-on parlé ? Non… Hmmm, c’est pour cela donc…




• Trop d’effets spéciaux en CGI bien dégueulasses. Les fonds verts, on les voit, mon gars ! À force de vouloir en faire trop, on fait moche…

It’s a Bugatti spaceship !

• Et comme ces derniers points le soulignent, mon grand reproche à ce film est de chercher à en faire trop… Trop de décors se voulant époustouflant en tous sens ; trop de protagonistes ; trop de trucs se passant à gauche, à droite et au centre ; trop d’évocations de sources de pouvoir au lieu de faire juste appel au totem de la panthère ; trop de bons sentiments ; … TROP ! Ce qui fait que tous les éléments se diluent les uns dans les autres alors que l’histoire pour un premier volet aurait dû être plus centrée sur son personnage. Je ne dis pas que c’est mauvais, je dis juste que je n’ai pas vu émerger le personnage de Black Panther comme le héros de cette histoire…

Bref, un film qui pêche par son envie de trop en faire au lieu de recentrer son action sur le conflit intérieur dévorant son héros. Un film encensé comme étant différent mais personnellement je ne vois pas une évolution majeure dans la formule Marvel tant critiquée (c’est généralement le revers du succès), ce qui ne me dérange pas particulièrement aimant cette dernière. Mais je ne trouve pas que cet épisode fasse partie des meilleures productions que the House of Ideas nous ait sorti. Tant mieux si l’effet généré du film est positif et qu’un public plus large ait pu s’identifier dans la formule, mais pour moi, cela reste un divertissement. On passe un bon moment, pas toujours de bon goût, ni plus, ni moins...