Je tiens à expliquer en introduction que j'ai été forcée de bloquer les commentaires de cette critique. J'en suis désolée, croyez-le, mais après nombre de remarques blessantes soulignées par un acharnement irritant, j'ai pris cette décision que je pense être la plus sage. Je tiens à préciser que ce n'est pas là un vulgaire geste de faiblesse de ma part : avant de désactiver les commentaires, j'ai mis au clair certaines choses avec les agitateurs (ou plutôt l'agitateur). Je remercie tous les gens qui ont pris ma défense, et je salue avec dédain la personne qui a tenté, en vain je l'espère, de m'ôter toute crédibilité.


C’est après l’enfant raté Homecoming et le bâtard de genre Ragnarok qu’arrive Black Panther, toute dernière origin-story de Marvel Studios. Alors que la Maison des Idées semblait s’essouffler et se perdre dans on ne sait quel chemin ténébreux de niaiserie qu’elle a emprunté avec Homecoming, ce nouvel opus s’impose comme un regain d’énergie de la part des studios, qui souhaitent montrer qu’en utilisant une formule dont ils sont quasiment sûrs qu’elle fonctionnera, ils peuvent encore produire de bons films.


C’est en quelque sorte la définition même de Black Panther, une formule efficace et presque infaillible, adaptée à un univers particulier. Évidemment il est toujours délicat de critiquer un film inspiré d’une œuvre qu’on n’a pas lue, et je ne suis pas une spécialiste du Black Panther des comics. Je ferais donc abstraction de l’influence que l’œuvre originale a pu avoir sur le film en disant simplement que l’univers étant déjà créé, plutôt bien élaboré et assez riche, ce Black Panther partait avec quelques facilités.


Sans être un film marquant, Black Panther laissera quelques souvenirs à son public surtout pour son ambiance et son univers. Le scénario dynamique empêche le spectateur de s’ennuyer et tente de mettre en avant différents personnages ainsi que différents questionnements. C’est ainsi que, plus encore que sur les effets spéciaux, plus encore que sur le scénario et sur les personnages, je souhaite me pencher sur les thématiques que le film aborde de manière plus ou moins subtile.



Sweet home Wakanda



Une agréable surprise que de découvrir cet aspect politique, certes effacé mais pourtant sensiblement présent, dont est doté Black Panther. Toutes les scènes et les réflexions qui tournent autour du Wakanda et son intégration au sein du monde sont intéressantes et changent de l’esprit très lisse habituellement dominant dans les derniers films Marvel. Le Wakanda doit-il rester caché aux yeux du monde ? Doit-il l’aider ? Le conquérir ? Autant de questions que certains pays ont pu se poser dans le passé, et pourraient encore se poser de nos jours. N’étant pas une experte de la politique africaine, je ne saurais approfondir quant au sens que peut avoir le film : mais on ressent sans peine cette volonté de traiter des sujets importants.


Loin de moi l’idée de dire que Black Panther est un film politique : je sais que certains seraient capables de demander mon exécution pour avoir traité un film Marvel de la sorte. Il n’empêche que le ton de Black Panther se veut beaucoup plus sérieux que celui des trois derniers films du MCU, et bien que le questionnement politique soit sous-jacent, il est bien là, c’est indéniable.



Daddy will be right there



C’est un autre thème que Black Panther aborde, moins subtilement mais pourtant sans lourdeur. Il dépeint à la fois la présence de la figure paternelle et son absence, le tout à travers le héros lui-même et son alter-ego. Le père de T’Challa représente un modèle de vertu pour son fils ; ainsi, lorsque cette vision touchant à la perfection morale vole en éclats, on assiste à une remise en question de T’Challa quant à lui-même et à ses origines, ainsi qu’à une émancipation nécessaire du fils qui, après avoir pieusement marché dans les pas de son père, trouve sa propre voie et prend son envol.


Inversement, on est témoin des conséquences de l’absence d’un père sur son fils. Par le biais d’Erik, remarquable antagoniste dans le paysage du MCU, le film nous démontre combien un enfant, et plus encore un gamin des rues, a besoin de son père pour trouver sa voie, ses idéaux et ses valeurs.


Pour reparler d’Erik, son passé et les liens qu’il a avec T’Challa font de lui un personnage digne d’intérêt : ses motivations étant légitimes et développées, il est facile pour le spectateur de le prendre véritablement au sérieux et d’apprécier la confrontation entre lui et T’Challa. L’idéologie d’Erik se rapproche tout simplement de celle de nombreux chefs d’état actuels, ce qui lui donne du poids et de la crédibilité en pointant du doigt certains travers de la société. "Make Wakanda great again", voilà ce qu’il semble clamer (sans comparaison politique douteuse bien entendu…).



Ne pas penser à exceller



Évidemment, Black Panther est un film sans surprise, mais il est des jours où je préfère un bon film classique à un film raté et innovant. Là où pour beaucoup l’originalité est devenue un gage de supériorité, il m’arrive encore de favoriser la qualité à la créativité d’un film. Ainsi Black Panther est appréciable, notamment de par son univers, atout de taille que le métrage a su exploiter. On peut également mentionner ses personnages et ses acteurs, car c’est également un secteur dans lequel le film réussit. C’est sans oublier les effets spéciaux qui, notamment durant le final, deviennent un point fort de plus pour le film. Black Panther sait être bon dans tous les domaines, sans jamais exceller ni échouer : c’est en quelque sorte la demi-mesure à l’état pur. Un bon moment à passer, mais pas un film marquant pour autant : voilà une devise qui court et se répand, pas seulement chez Marvel, pas seulement dans le genre super-héroïque, pas seulement au sein des blockbusters.

Mia_Landa
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le 14 févr. 2018

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Mia_Landa

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