Après Iron Man pour les anciens alcooliques cocaïnomanes, Thor pour les scandinaves, Captain America pour les nostalgiques du nazisme, Ant-Man pour les personnes de petites tailles, Doctor Strange pour les services médicaux, Spider-Man : Homecoming pour les arachnides, place à Black Panther pour les noirs. On attend avec impatience le nouveau Marvel pour les asiatiques, gays, juifs, vegans, latinos, aveugles, etc.... C'est la magie Marvel, il y en a pour tout le monde. Cette diversité serait intéressante, si les différentes œuvres s'en nourrissaient, au lieu de nous fournir toujours le même produit, en ne changeant que la forme pour satisfaire un nouveau public et étendre ses tentacules commerciales sur notre vaste monde.


Black Panther est le nouvel héros Marvel, celui qui doit révolutionner cet univers à bout de souffle. Comme vous avez pu le constater dans mon introduction, il ne change pas grand chose. Certes, c'est un héros noir entouré d'autres personnages noirs(es) et dont les aventures se déroulent dans un pays fictif, Wakanga, se trouvant sur le continent africain. Mais cela reste un spectacle dénué d'émotions et des plus convenu. La manœuvre de Marvel est commercialement redoutable, en flattant une communauté n'étant pas assez représentée dans le cinéma américain (et ailleurs). De ce fait, elle a constitué un casting d’icônes afro-américaines, parmi lesquels Lupita Nyong'o, Michael B. Jordan, Danai Gurira ou encore Sterling K. Brown, sans oublier les ainés(es) Forest Whitaker et Angela Bassett, tout en confiant la bande originale au génie actuel du hip-hop Kendrick Lamar entouré des autres membres du label TDE : SZA, Jay Rock, ScHoolboy Q, Ab-Soul, ainsi que d'autres pointures Anderson .Paak, Future, Vince Staples, 2 Chainz, The Weeknd, etc... Bien sur, pour donner une légitimité à ce projet, il se devait de le confier à un réalisateur noir. C'est donc Ryan Coogler, fort de la réussite et du succès de ses deux premières œuvres; Fruitvale Station et Creed avec déjà Michael B. Jordan; qui doit mener à bien cette grosse machine à succès que sont les films Marvel.


Le film remplit le cahier des charges habituelles. On découvre Black Panther (Chadwick Boseman) en pleine action, sauvant un convoi de jeunes femmes des mains de méchants hommes. Parmi elles, se trouve celle qui fait battre son coeur Nakia (Lupita Nyong'o). On peut craindre le début d'une romance poussive comme dans le déplorable premier Thor. Heureusement, l'histoire ne se focalise pas sur leur histoire d'amour. T'Challa (Black Panther) va devenir le roi du Wakanda après le décès de son père. Mais l'héritage est lourd à porter. Le passé de son père va le rattraper à travers Erik Killmonger (Michael B. Jordan). La confrontation entre les deux jeunes hommes pour le trône, va réveiller les blessures du passé et jeter l'opprobre sur T'Challa.


L'opposition entre ces deux personnages est très caricaturale. T'Challa est le bien, celui qui a grandi sur la terre d'Afrique, dont les pas avancent au rythme des tams-tams. Erik est le mal, celui a grandi sur le continent nord-américain et avançant sur des sonorités hip-hop. Mais Erik est aussi le fruit d'une violence trouvant ses racines dans le conflit entre leurs pères respectifs. Un drame familial dans lequel se nourrit une rancœur, qui va déstabiliser tout un pays. C'est aussi une manière de nous rappeler que les noirs s’entretuent sur le sol américain ou africain. Le film ne donnant pas une version édulcorée d'une triste réalité, en oubliant pas de nous parler du pillage culturel par les colons, de son appropriation, de l'esclavage et de la condition de l'homme noir aux états-unis. La charge n'est pas virulente, cela reste des petites piques inoffensives. Nous sommes tout de même dans un Marvel et il ne faut pas froisser la susceptibilité du moindre spectateur.


Ce qui est vraiment intéressant dans Black Panther, ce sont les personnages féminins. Okoye (Danai Gurira) est des plus badass. Elle rafle la mise face à cette horde de mâles, même si son dévouement envers le trône, démontre un certain manque de réflexion, du moins, temporairement. Elle est si indépendante, qu'on en oublie presque sa relation avec W'Kabi (Daniel Kaluuya). Nakia (Lupita Nyong'o) est aussi une femme indépendante. Elle oeuvre auprès des autres peuples, pour rendre leurs vies moins difficiles. Une ouverture sur le monde, que n'a pas T'Challa, préférant prendre soin de son pays, le Wakanda. Une attitude protectionniste dû à la propension des colons à piller et souiller le continent africain. Surtout que le vibranium a permis à son pays de rester indépendant, en développant une technologie de pointe dans divers domaines, comme la médecine.


Black Panther ne change pas la donne. Marvel va séduire le public noir et réussir à piller leurs poches avec leurs consentements. On apprécie ce travail d'orfèvre, on sent l'expérience dont je suis aussi une victime, même si je me dissimule derrière ma carte illimitée. Le folklore ne me séduisant pas; tu peux me faire Breizh Seagull avec des crêpes, cidre et binious, que cela m'ennuiera tout autant, sauf si on nous offre des crêpes durant la séance; je reste insensible à ce déferlement de couleurs se déroulant lors des affrontements. Ils ont beau avoir changer le décor, j'ai toujours l'impression de voir le même film, malgré une réalisation plus ambitieuse. On peut se dire que c'est une introduction à un nouvel univers, mais quand je vois l'absence d'évolution du côté des Iron Man, Thor et autres Captain America, cela me laisse dubitatif, ce qui ne signifie pas que je n'irai pas voir la suite de ses aventures, car comme pour les films d'horreur, je me laisse toujours tenter, tout en sachant que je serai rarement satisfait par le produit final.


L'univers Marvel n'évolue pas, il se repose sur la même recette pour assurer son succès. On apprécie tout de même la présence de personnages féminins forts, prenant le dessus sur le héros du film. La douce voix de SZA concluant le film est un pur moment de bonheur pour nos tympans. Par contre, on peut esquiver les deux scènes post-générique, n'offrant rien d"intéressant. Black Panther a ouvert le bal. Maintenant, on attend Avengers : Infinity War(25/04) et Ant-Man and the Wasp(18/07), à suivre.

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le 16 févr. 2018

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Laurent Doe

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