Black Swan par DrunkenBastard
*Spoiler Alert*
La fin m'a estomaqué. De désarroi, de déception. Elle est valable, elle se tient, mais un dénouement moins dramatique aurait mieux valu, je pense. Il n'en fallait pas tant pour entériner aux yeux du spectateur les sacrifices que la Reine des Cygnes consent tout au long de sa métamorphose. A vrai dire, ça tient peut-être même seulement à la dernière réplique, plus superflue encore que la conclusion elle même.
Eblouissante Natalie Portman, qui m'a traversé l'échine. Le film est enchanteur, et d'une noirceur indicible. La caméra d'Aronofsky épouse avec intelligence cette duplicité, qui habite peu à peu le personnage central. Ce réal' a vraiment l'art et la manière de créer des oeuvres qui sortent de l'ordinaire. Il entreprend ici d'élaborer un thriller dans l'univers du ballet, et parvient haut la main à créer cette alchimie dévastatrice, à la lisière du rationnel, qui fait se rejoindre abysse infernal et splendeur virginale. Je ne peux que saluer ses choix, plus immersifs les uns que les autres. Le tremblement de l'image, lorsque le cadreur suit de derrière ou de côté les pas de la danseuse lors de sa représentation, traduit le lyrisme de la scène mieux que n'importe quel travelling trop lisse.
Si Natalie leur dérobe la vedette, les autres comédiens ne sont pourtant pas mauvais du tout. Notre Vincent Cassel national, entre autres, est des plus convaincants. J'éprouve en revanche une légère aversion pour une poignée d'effets spéciaux peu naturels. Quoique cela relève de l'anecdote, l'ensemble du film est tellement cohérent qu'il serait presque pédant de mentionner ce relatif insuccès. Car ce film est à bien des égards le maelström de sensations que la bande-annonce nous laissait entrevoir.