Le film sur ses épaules, Natalie porte, man !
(Et merde ! "Le lac des signes" était déjà utilisé ! M'a fallu trouvé un autre titre...)
D'ordinaire, une note moyenne a plutôt tendance à traduire un sentiment mitigé. Un "mouais bof, s'il y avait eu un peu plus de ceci ou un peu moins de cela, ça aurait pu..."
Rares sont les films comme ce "Black Swan" suscitant autant de sentiments contradictoires.
Une fois n'est pas coutume, le très bon côtoie le très pénible, en des proportions aussi diamétralement opposés que violemment contradictoires.
Commençons par ce qui m'a scotché.
La réalisation du père Aronofsky (au cinquième film, on passe du statut de petit génie à celui de père tranquille, non ?) continue à provoquer à chaque fois un truc assez rare et à chaque fois différent.
OK, le gonze est sûr de son talent, adulé par les uns et conchié par les autres pour les mêmes raisons, les deux camps campant d'ailleurs sur des postulats assez établis depuis Pi.
Je me positionnerai humblement dans le groupe de ceux qui sont fortement intéressés par le talent créatif du monsieur, même si jamais totalement transporté: je crois que je ne raterai jamais un de ses nouveaux films sans pour autant jamais l'idolâtrer.
Ici, c'est cette façon de filmer Natalie Portman au plus près (mmm, merci !), cette manière de nous faire évoluer autour de son corps (miaaam, cool), de suivre ses émois intérieurs qui rend, à mon sens, le film unique, et, on va le voir, le sauve du naufrage.
Autre atout du bonhomme, Arono (permettez que je vous appelle Arono, maître ?) sait diriger. On le savait esthète (après tout, je lui serais redevable à vie d'avoir su relancer la carrière de Jennifer Connelly il y a quelques années) et homme de goût. Ses actrices sont jolies et sont parfaitement mises en valeur.
Natalie Portman est sublime dans cette composition, étonnante, rayonnante, en plus de doubler sa partition d'une réelle performance physique. Et c'est donc l'autre apport de ce film.
Vincent Cassel lui-même délivre ici une de ses meilleure performance.
Reste... tout le reste.
Un symbolisme assommant et prévisible à 10000 kilomètres.
Des scènes "inquiétantes" qui ne font pas peur, des scènes érotiques qui laissent froid comme une plaque de marbre (et avec une Natalie Portman se faisant mamourer le bibelot (copyright Colette Renard) par la petite Mila Kunis (quel joli nom), c'est quand même là aussi une SACRÉE performance).
Un arrière plan psychologique que ne renierait pas mon boucher de la rue du plomb fondu.
De grosses ficelles, des clichés à la pelle, un final prétentieux et téléphoné.
Et ben malgré tout ça, et pour les raisons évoquées plus haut, une note au dessus de la moyenne.
C'est aussi ça, sans doute, l'Aronofsky's touch.