Film brut, dur, sur la souffrance d'une jeune artiste au comportement altéré par des troubles mentaux, Black Swan ne fait pas dans la demi mesure pour impressionner le spectateur.
Porté par la divine musique de Tchaikovsky, l'histoire du film aurait pu tourner au classique parcours d'une héroïne frigide qui parvient à se libérer et à conquérir le cœur de l'auditoire à la fin en traversant les difficiles épreuves de l'entraînement et de la concurrence.

Seulement voilà, si le film joue par moment avec cette thématique, il s'en éloigne très rapidement grâce à la folie schizophrénique du personnage magnifiquement interprété par Nathalie Portman. Au départ cygne blanc, poli, travailleur et chaste, Nina va vite laisser sa santé mentale derrière elle, accumulant mutilations, délires paranoïaques et autres changements de personnalité, jusqu'à devenir cygne noir, dévergondé, jaloux, et prêt à tout. La transformation, quasi physique dans l'esprit de Nina et visuelle de par la réalisation, se montre aussi dans le jeu de corps de Nathalie Portman.

Le problème est que pour interpréter le rôle, Nina doit savoir alterner entre les deux cygnes ; hors à la fin, avec la chute du cygne blanc provoquée par la danseuse, on a plutôt l'impression qu'elle cède la place à son côté obscur.
Loin de pouvoir jouer de ses deux profils, Nina n'a pu que se laisser submerger par le cygne noir, passant d'un état à un autre. D'où cette impression que les deux ne peuvent cohabiter et que l'un prendra toujours le pas sur l'autre (le blanc pendant des années puis le noir dans la seconde partie du film).

Sans réelles surprises durant son déroulement, ce qui constitue le seul petit reproche que l'on pourrait adresser au film, Black Swan est une formidable montée en puissance de la folie tant sur le plan visuel, sonore que psychologique.
Le spectateur en ressort bouche bée, les oreilles comblées par ce final étourdissant, les yeux émerveillés par la grâce de l'actrice principale (qui n'a pas volé son Oscar) avec un sentiment de fascination envers ce personnage.

Et Darren Aronofsky d'ajouter une nouvelle œuvre forte à son pedigree après Requiem for a Dream...
ngc111
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le 16 juil. 2011

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