Alouette, gentille alouette...

Aronofsky est un mec un peu bizarre. D'abord il m'avait dit en 2000: touche pas à la drogue, tu le regretteras. Ensuite en 2006: te marrie pas avec une cancereuse, tu le regretteras. Puis en 2008: evite de faire boucher et d'avoir les cheveux longs, tu le regretteras.
Alors moi évidemment, je ne peux m'empêcher de savoir de quoi parlera son prochain spot de prévention. J'entend le titre: Black Swan. Tout de suite, je m'imagine Darren me disant qu'il faut pas donner de pain aux cygnes la nuit tombée dans un esprit joyeux de série Z d'horreur.
Alors je regarde la bande annonce. Et la c'est la débandade. On me promet un thriller Polanskinesque avec un peu de Perfect Blue.
"Voila qui est bien trop serieux pour toi Darren" me dis je.
Dès que vient le mois de février, je rentre dans la salle d'un pas sceptique. Ayant apercu Natalie Portman sur l'affiche et entendu quelques échos sur des moments de nus la concernant, je prépare ma boite de kleenex en cas de forte émotivité durant le film.
Ainsi dès les premières minutes, Aronofksy encore une fois m'emmène la ou je ne l'attendais pas.
Il m'emmène dans un monde merveilleux ou une femme de 28 ans peut encore vivre sous le toît de sa mère, en lui étant obéissante comme une zombie, en ayant aucunes amies, et ayant une jolie chambre rose entourée de peluches.
C'est mignon tout plein, du conte de fées à l'état pur.
On dirait presque Peau d'Ane.
Mais la ou je comprend plus rien, c'est qu'elle va après à une école de danse, et que la... ben y'a plus rien de merveilleux. Tout se veut réaliste.
Ah attendez on me souffle dans l'oreille que tout se voulait réaliste depuis le début ?
Ah bon...
Mais euh attendez dans Scrubs ils faisaient pareil mais justement parce qu'ils prenaient ce stéréotype enfantin à la dérision ? Et dans Terms of endearment, la on avait droit à une vraie relation mère poule/fille ?
Ca compte pas ? Vous vous en foutez ?
Très bien...
On découvre alors son prof de danse.
Il est très porté sur le panpan culcul. Donc c'est forcément un francais.
Par contre, il a la gueule d'une compression métallurgique. Donc c'est forcément Vincent Cassel.
L'ambition du bonhomme: faire "Le lac des cygnes" comme on ne l'a jamais vu !
Sa méthode pour y'arriver: ne rien faire d'original par rapport aux adaptations précédentes !
Ah...
Le reste est très semblable à Rocky; Natalie s'entraine dur pour obtenir le titre, monter sur le ring, etc...
Sauf qu'elle a des hallucinations plus ou moins copiées sur Tex Avery (à voir celle de Wynona Ryder, qui nous rappelle les plus grandes heures d'Happy Tree Friends).
Elle a aussi une relation d'amour vache intense avec Mila Kunilingus, qui elle, à la différence de Portman ne fait pas semblant de danser. Elle boit de l'alcool, passe la soirée en boite, découvre que son vagin ne sert pas qu'à faire pipi et lui faire acheter des Tampax chaque premier du mois.
Le film devient alors une fable à la Stand by me, ou le protagoniste va découvrir très rapidement ce qu'est la vie et le passage à l'age adulte.
Bon sauf qu'elle était censée être adulte depuis 10 ans, m'enfin mieux vaut tard que jamais hein.
Mais en fait non, parait il qu'il essaye de me raconter ce qu'est le dépassement d'un artiste.
Ce qui expliquerait la dernière réplique, ou Darren certain de s'être dépassé ne peut s'empecher de s'auto congratuler.
La vraie histoire de Black Swan, c'est celle d'un réalisateur qui tellement fasciné par ce qu'il a dire sur la "perfomance" d'un artiste, met tout et n'importe quoi pour le raconter, en passant d'effets de magicien grotesques jusqu'aux personnages préconcus.
Cela donne un tout incohérent, maladroit et profondément risible, la ou il y'avait matière de faire un très bon film.
Bref, retourne aux spots de prévention Darren.