Tout comme pour Hereafter quelques semaines plus tôt, je suis entré dans la salle A du MK2 Bibli les genoux tremblants, plein d'appréhension, terrifié à l'idée de voir un pâle démarquage de Perfect Blue au pays des Ballets. Et d'être blasé.
Et tout comme pour Clint, au final, non.


Les emprunts évidents à Perfect Blue ne se mettent pas en travers du contenu du film, qui est en fait une adaptation cachée de La Formation de l'Acteur de Constantin Stanislavski.
Dans ce livre, Constantin commence par expliquer comment, mu par la passion, il préparait ses rôles de théatre dans la joie et la douleur. Il décortique l'absolue nécessité de préparation, quasi mécanique, pour être authentique et vivant sur scène. Dans Black Swan, Darren met physiquement cette recherche en scène. Natalie Portman traverse donc des phases de trouble et de recherche psychique que notre réalisateur va s'évertuer à rendre angoissantes.



Et c'est là le premier problème du film, car oui, les enfants, il y en a des problèmes, j'en ai entendu plein se masturber copieusement alors que franchement, Aronofsky a déjà livré bien mieux.

Puisqu'il est au final question de ce que signifie une performance, pourquoi aller se faire chier avec tous les faux-semblants, les miroirs, les Winona Ryder qui se transperce les joues à la lime à ongles ?? C'est pour les petits jeunes en mal d'émotions fortes ? Pas étonnant que les critiques aient comparé le film à "Fight Club en tutu" tellement l'effet de style est usé... D'autant que ladite performance finale est franchement bonne et que le mot de la fin me renvoie à cette fameuse histoire de tournage de Citizen Kane, quand Welles après s'être meurtri les mains en ravageant le décor ( dans la scène où Charles défonce toute la chambre ) aurait déclaré " I really felt it ! ".



Deuxième problème, le rôle de Vincent Cassel. Non que Vincent soit mauvais ( il est même plutôt bon ) mais bon sang qu'il est sous-écrit ! Tout ce qu'il a à se mettre sous la dent c'est que des figurants disent de lui que c'est un génie dans le premier acte et qu'il utilise sa sexualité pour émouvoir dans le deuxième. Ensuite il disparaît, il ne sert plus à rien...

Et bah je m'élève fougueusement contre ça. Un film qui veut nous parler de performance et qui ne daigne pas développer le maître-d'œuvre ? C'est indécent ! Déjà il est bien trop tendre... Un vrai chorégraphe qui chercherait à pousser ses ballerines au bout d'elles-mêmes ressemblerait plutôt à l'entraîneur de Jeanne et Serge ! Un vrai dur qui laisse rien passer ! Là il dit juste " encore on recommence... ".

Dans La Formation de l'Acteur, quand Stanislavski devient metteur en scène de sa propre troupe, il se décrit lui même comme un tyran sanguinaire complètement allumé ! Il insulte ses actrices en les menaçant de les virer de la troupe pour les faire pleurer sur scène ! ( " Ah tu pleures, connasse ?? On la joue, sers-toi de ça ! " )


Le gros point positif du film est la relation avec la mère. Elle me semble bien plus intéressante que Mila Kunis qui n'est qu'un outil... L'équilibre délicat entre la mère-castratrice qui vit le succès par procuration et celle, étouffante, qui sur-protège son enfant me séduit d'avantage qu'une rivalité préfabriquée qui finit au pieu ( ou pas. )


Malgré tout, Darren Aronofsky reste un auteur original, plus dans ses propos que narrativement ou formellement, mais son dernier rejeton est plutôt le vilain petit canard...

mikeopuvty
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le 30 sept. 2011

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Mike Öpuvty

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