Blade runner est une fleur ayant poussée sur une terre stérile, au sein d'une obscurité ténébreuse, mélancolique.

Malgré le peu de succès rencontrer lors de sa sortie, il semble que le grand public redécouvre ce qui est l'une des plus grandes oeuvre cinématographique, en transcendant indubitablement tout les autres films du genre.
A travers l'univers futuriste et sombre de l'oeuvre, c'est la crise d'une société qui semble émaner de l'atmosphère stérile de cette ville tentaculaire. De nos jours un film de science fiction rime avec accumulation de technologie et profusion de modernisme sans pour autant établir une beauté structurale. Le moderne n'est beau que dans un ensemble cohérent, et le paysage mystique et ténébreux rendant hommage au film, n'est qu'une preuve supplémentaire du génie des différents acteurs de cette mise en scène.
Le "Los angeles" de Ridley Scott est semblable au coeur de Rick Deckard, une âme brisé qui fait office d'anti-héros sublime, immortalisé par Harrison Ford, une sorte d'Humphrey Bogart.

Ce qui pose problème au détracteur de ce chef d'oeuvre, c'est la noirceur et la mélancolie inhérente à sa nature. Loin des "Happy-end "sans saveur ni odeur, le cadre ténébreux et pesant de la ville semble forger un chef d'oeuvre d'anticipation. En effet, malgré la population foisonnante acculant les ruelles désertes, Rick Deckard est seul, un anonyme, qui redevient quelqu'un dès qu'il traque sa proie. Ce jeu de chasse et de traque prend tout son sens dès que l'on se penche sur l'importance donnée au symbolisme religieux et animal afférent au film, à l'image de cette licorne "tout droit sortie d'un imaginaire fantaisiste et symbolique".

La vie n'est certes pas douce pour tout le monde, et les optimistes peuvent trouvés dès lors ce film bien pessimiste. Mais, il s'agit bien d'un portrait sombre et profond magnifié par les prouesses techniques de l'époque et la subtilité de la mécanique bien huilée du tournage. De même, c'est la bioéthique et la nature de notre terre qui a changé, l'homme s'est vu joué les "génies du génétiques", en se hissant au rang de grand créateur, "plus humain que l'humain". Mais ce qui est frappant et singulier c'est que ce sont ses soit disant réplicants, qui s'illustrent comme les vrais humains en ce qu'ils ressentent des sentiments humanistes comme l'emphatie, la peur, l'amour, et la colère. Le fils du créateur Roy, est le digne représentant de cet humanité dans un film où les "réplicants" sont plus humains que leurs créateurs.

La scène finale est un monologue psychologique et funèbre, et exprime avec ferveur toute l'horreur de la condition humaine (sous le regard d'un répliquant), qui reproduit sans cesse le schéma originel du désespoir terrestre.

C'est là tout l'objet de ce film, même malgré sa noirceur il semble que le bonheur existe (Rachel), et que la vie mérite d'être défendu, sous toutes ses formes. Il y a du bon en ce monde mais il faut se battre pour cela, il faut se battre pour ce que l'on aime. Le genre futuriste inhérent à la science fiction est banalisé de nos jours.
Les récompenses ne sont pas fréquentes, mais il ne faut pas oublier que dès ses origines le cinéma s'est éloigné du réel (Méliès et son voyage sur la lune) pour mieux oublier l'enfer terrestre, et la monotonie de la vie.

De même le maître Kubrick c'est essayé au genre, en lui donnant ses lettres de noblesses, bien que l'Odyssée de l'espace reste opaque aux néophytes et parfois aux plus chevronnés, mais la force de Blade runner, c'est de faire d'une terre stérile et obscur, une ténébreuse beauté, pour un grand moment de cinéma.
Blade runner est donc pareil à un oxymore, "une obsur clarté", sombre dans la forme et incisif dans le fond.
Denirorunner
10
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le 1 févr. 2013

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Denirorunner

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