Déjà une 9e chronique sur les films du confinement, que le temps passe vite ! En fait, on se désespère déjà à retrouver nos amis, des rassemblements. On a l'impression que nos vies se défaient à vitesse grand V, on perd la notion du temps et de l'esprit... Enfin, la méditation pendant le confinement m'a permis de réaliser une chose : la certitude, enfin, d'être mortel.
Et oui, il faut essayer de philosopher sinon on pète encore plus un câble que d'habitude, et après un grand film d'aventure et d'héroic- fantaisy avec les Deux Tours, nous allons parler de science- fiction, et non pas de petite mais de grande, d'immense, d'incroyable science- fiction.
Comme beaucoup de classiques, je les ai vus plutôt tôt, et j'ai été assez déçu. Mais l'avoir revu plus tard, fin de l'adolescence, permet avec un regard presque adulte de comprendre réellement l'intrigue et tous les enjeux de Blade Runner.
Et pour moi ce film c'est une claque. Que dire si Blade Runner réunit tous les ingrédients du film de science- fiction ultime ? Film maudit à sa sortie en 82 après de nombreux problèmes inhérents à une production chaotique de plusieurs années, puis une director's cut en 92 qui remet les choses à plat, Blade Runner est surtout une vision dantesque du futur.
Blade Runner, comme d'autres grands films de cette période, voit un jeune anglais en la personne de Scott, metteur en scène de génie, s'atteler à adapter un roman de Philip K. Dick et retransmettre le futur à Los Angeles. Tout ce qui m'irritait à ma première vision m'enchante dans ma seconde : le rythme lent est incroyable d'intensité, de même que le regard de Scott pour ce polar néo- noir futuristique lance le mouvement cyberpunk pour de bon.
Les décors sont féériques et incroyable de beauté, de même que les acteurs sont très crédibles et assez bons dans l'ensemble, voilà Harrison Ford qui joue ENFIN un rôle dramatique à sa mesure, et Rutger Hauer, tout simplement exceptionnel en réplicant plus vrai que nature, et puis Sean Young sensible et magnifique, sans parler de Daryl Hannah, elle- aussi énigmatique qu'intriguante.
Les scènes cultes s'enfilent à la pelle, et les dialogues sont parfaits dans l'ensemble, avec un monologue de fin d'anthologie dont chaque cinéphile de SF connaît et soupire d'admiration devant ce bijou.
Certes quelques problèmes d'effets spéciaux et de rythme, mais la mise en scène est aussi ambitieuse qu'incroyablement belle et ingénieuse, de même que le scénario, finalement assez basique, permet de pénétrer parfaitement dans le 2019 de Scott. La photographie, assez mineure, sublime les moments les plus marquants du film (les morts ou les scènes chez Tyrell). Que dire de la musique qui est juste cultissime de Vangelis de bout en bout ?
Là où Blade Runner est très intéressant, au final, c'est en questionnant même l'être humain : qu'est- ce qu'un être ? Une conscience ? Qu'est- ce que l'intelligence ? Les réplicants sont- ils plus humains que les vrais humains ?
Bref Blade Runner, que cela sa version de 82 ou de 92, reste un pur bijou, un délice de cinéma qui nous transporte dans un autre monde, et que si même le rythme peut être foutraque, reste un grand moment de science- fiction, de philosophie, et de métaphysique. Un chef d'oeuvre absolu maintes et maintes fois repompé, référencé, ou encore cité dans des milliers d'oeuvres, de la peinture, la photographie, en film d'animation, au cinéma comme à la télévision. La définition du "film de science- fiction" au cinéma. Grand, immense, inoubliable, encore d'actualité en 2020 !
Prenez un verre de sky, regarder tranquillement ce film, dégustez- le, et cela vous permettra de peut- être mettre votre enceinte alexa à la poubelle, ou de la chérir en disant que vous comprenez ses problèmes, même en temps de confinement.
PS : Blade Runner 2049, suite officielle du premier film, est tout aussi chouette. Et c'est rare de voir une suite aussi réussie, alors autant les voir "back to back".