Blade Runner ne vole aucunement son statut d’œuvre culte pour le cinéma de science fiction. Ce qui frappe, avant tout, c'est cette atmosphère hors du commun, anxiogène, d'un future dystopique visualisé comme un film noir. Encore aujourd'hui, le long-métrage de Ridley Scott est visuellement supérieur à bon nombre d’œuvres récentes, notamment pour cette attention portée aux détails. L'artiste Syd Mead permet ainsi d'avoir des plans à la composition riche, sans qu'ils apparaissent surchargés. On est également happé par cette photographie brumeuse, tantôt percée par des projecteurs constamment en mouvement - idée de menace perpétuelle - et ces cieux éternellement nocturnes et crépusculaires, seulement noyés par la pluie, pour ne que mieux personnifier ce fantastique design urbain aux gratte-ciels gigantesques et entassés, placardés de néons et panneaux lumineux de réclame. La mise en scène de Scott, plus brute qu'actuellement, permet de donner vie à cette atmosphère viscérale et fantasque, soulignée par les thèmes mémorable des synthés futuristes de Vangelis. Le film offre également une lecture multiple (selon les versions), touchant à de nombreux thèmes philosophiques tels que la condition humaine, l'intelligence artificielle et la nature-même de l'Homme, jusqu'à aborder création et complexe de Dieu - beaucoup d'idées qui traversent la filmographie de Scott depuis Alien. À la fois dense et intelligent, avec ses accents néo-romantiques et son art hors du commun, Blade Runner mérite absolument toutes ses éloges, créant à lui seul un univers visionnaire, et même plus : un style entier dans la science fiction.