"J'ai vu tant de choses que vous humains ne pourriez pas croire. J'ai vu de grands navires en feu surgissant de l'épaule d'Orion. J'ai vu des rayons fabuleux, des rayons C briller dans l'ombre de la porte de Tannhäuser. Tous ces moments se perdront dans l'oubli, comme les larmes dans la pluie. Il est temps de mourir".
La nuit et ses averses ne cessant pratiquement jamais sont le papier peint de ce film futuriste permettant à la technologie de cloner un simulacre d’homme en un vulgaire consommable corvéable à merci.
"Blade Runner" est une œuvre émouvante sur le refus d'entretenir dans une existence limitée un statut obscur et robotisé.
L'opus est lancinant, sa lenteur permet de s’attarder copieusement sur les profils de ces androïdes fatigués, traqués, aux comportements virulents ou poétiques, quémandant auprès de leurs créateurs un bonus de vie supplémentaire.
Sous une pluie battante des édifices pharaoniques et des néons gigantesques miniaturisent une population hétéroclite abonnée à la nourriture asiatique squattant d’immenses demeures sombres curieusement vides, pendant que des concepteurs entourés de reproductions artificielles se dissimulent dans leurs solitudes au sommet d’édifices pyramidaux.
Un territoire sans lumière naturelle tissant ces nouveaux concepts et leurs esclaves modernes dans le message publicitaire, le service quasi continu, la restauration rapide, la porte blindée et le digicode.
Le déclin de la génétique et de sa diversité au profit du circuit électronique soumis et programmé.