Je te donne ma critique #41



Si on me demande de décrire en quelque ligne Blade Runner, je vous répondrais qu'il s'agit d'une fresque futuriste et dépravé de notre monde actuel mais teinté d'une certaine poésie.La première fois que j'ai découvert le premier Blade Runner, ma déception fut assez grande, je m’attendais à un film de SF avec de l'action et des personnages cool. Puis j'ai grandi et j'ai revu le film et mon regard sur ce dernier a littéralement changé et je me suis rendu compte que Ridley Scott avait pondu un autre chef-d’œuvre. Faire une suite à une œuvre de la SF aussi marquante, intouchable et qui a une place importante aux yeux des cinéphiles pouvait paraître complètement folle et absurde et pourtant le film s'est concrétisé et le résultat s'est avéré vraiment convaincant pour ma part. Denis Villeneuve à qui l'on doit d'excellents longs métrages ces dernières années se voit confier cette lourde tâche et avec le recul, choisir ce gars paraissait d'une évidence même. Le premier Blade Runner avait des plans magnifiques et c'est bien ce qui frappe en premier quand on regarde le film de Villeneuve.


Il a su s'approprier l'univers tout en respectant les fondamentaux, lui donner une nouvelle direction totalement inédite, mais surtout enrichir l'univers en lui donnant du back ground. Ce dernier arrive parfaitement à maîtriser le fil rouge de son intrigue et ce dû début a la fin. Le film ne fait pas de teasing pour préparer une suite, mais parle de l'instant présent. Il a une vision très précise des choses et il sait où il va mener son histoire et ses personnages. Une suite qui possède les mêmes atouts positifs que le premier avec des clins d’œil au film d'origine, mais dont ces éléments ne sont pas juste là pour faire plaisir aux spectateurs, mais servent l'histoire. Encore une fois, c'est très contemplatif, l'esthétique du film est très belle puisqu'en plus d'un Denis Villeneuve qui nous conte une histoire saisissante, ce projet fou s'offre Roger Deakins l'un des plus grands dans son domaine.Il illustre ce métrage en lui donnant une âme, sans lui Blade Runner n'aurait pas cette beauté unique et envoûtante de ce monde cyber punk déshumanisé. Un travail minimaliste, un travail de professionnel, mais surtout un travail fait par un grand passionné ce qui se ressent lorsque l'on visionne ce film. On passe des couleurs chaudes qui évoquent une certaine tension de cet univers fascinant et a des couleurs plus hivernal qui nous montre toute la dureté de ce monde néo futuriste. C'est beau et à la fois triste. J’ai notamment aimé une scène de transition entre les braises d’ un feu de camp des répliquant pour ensuite passer au lumière de la ville.Encore une fois c’est très significative et cela nous montre un changement à venir dans la hiérarchie de ce monde dystopique. Il donne au film un souffle et une patte artistique incroyable. Chaque plan est soigné, mais surtout penser pour avoir une certaine connexion et un lien avec les protagonistes. Le personnage de K joué par Ryan Gosling est un personnage froid et solitaire, alors le voir erré dans des contrés vides, immenses et glaciaux nous rappelle fortement à quel genre de personnage ont à faire. C'est aussi là qu'on voit la véritable force de ce film, c'est-à-dire l'alchimie qu'il y a eu dans le processus créatif du film, entre Villeneuve et Deakins.


J'ai beaucoup aimé K dont la caractérisation de ce dernier se développe au fur et à mesure que le film avance. Il prend de plus en plus d’épaisseur. C'est un personnage très bien écrit, intriguant et parfois touchant. Sa détermination est vraiment sa force de caractère et je pense que c'est ça qui m'a plu chez lui. Un personnage principal qui tout simplement fait avancer l'histoire est un personnage réussi. Le fait de jouer un Répliquant est sans aucun doute le plus dure des rôles. Il faut paraître humain tout en ne l’étant pas. Un travail difficile, mais que Gosling a su tenir tout au long du film. Ses relations aux seins de ce long métrage avec les différents protagonistes fonctionnent à merveille. Que ce soit avec sa supérieure campée par une Robin Wright qui assure, dans cette relation, on y voit tout le côté supériorité que l'humain veut avoir et dont il jouit. Mais la relation la plus intéressante se trouve entre lui et Joi qui m'a vraiment surpris et charmé. Malgré les grands noms à l'affiche de ce film. Ana De Armas pétillante et rayonnante ne se dégonfle jamais et y met tout son cœur et son énergie dans ce rôle. Je l'ai trouvé exceptionnelle et vraiment importante a l'intrigue. Tout comme le personnage de K, on veut croire à cette idylle impossible, mais tellement profonde et sincère qu'on préfère se voiler la face. On se laisse hypnotiser par ce duo qui est vraiment complémentaire. Elle incarne tout ce que lui ne peut-être et c'est là toute la force de ce couple . Évidemment comment ne pas évoquer celui qui en ce moment renoue avec ses vieux personnages, Harrison Ford du haut de ses plus de 70 piges nous surprend, mais surtout parvient à nous démontrer qu'il y avait encore des choses à explorer avec Rick Deckard. Devenue un mystère, comme une ombre planant au-dessus de l'intrigue, même plus de 30 ans après il réussit à rendre son personnage toujours aussi énigmatique et primordial à l'histoire. Son temps de présence est vraiment bien dosé là où certains me diront le contraire, Villeneuve a simplement su éviter le fan service pour se concentrer sur les nouveaux personnages. Mention spéciale Dave Bautista que l'on voit au début, je l'ai connu alors ado quand j’étais un mordu de catch alors le voir maintenant dans des films et qui en plus sont vraiment excellents me fait chaud au cœur, c'est donc une certaine nostalgie qui s'empare de moi. En plus, le gars a vraiment un certain talent que je ne lui connaissais pas. Aujourd’hui, les réalisateurs s'adonnent à un style vraiment particulier qui est de faire de moins en moins manichéen. C'est ce que ce film tente de faire et il y arrive plus ou moins.


Car Luv qui tue Joi sans hésitation c'est un peu une action de badguy me direz vous


Les antagonistes dans ce métrage ont leurs propres motivations et des façons de voir les choses diamétralement opposées. On ne peut pas vraiment prétendre qui a raison ou tort. Jared Leto incarne un antagoniste assez philosophe dans ces propos et parfois un tantinet dans le cabotinage. Mon seul regret et de ne pas en savoir plus sur lui. Il y a des zones d'ombre. Évidemment il y a toujours ce sujet ou la barrière entre l'humain et le répliquant devient de plus en mince, on pourrait même résumer ce film en une phrase, Ce que l'humain ne peut contrôler le terrifie. Il y a aussi le thème assez bien traité d’inversement ou l'homme devient sans scrupules ni aucun sentiment telle une machine et le répliquant qui tente d’être libre et de pouvoir éprouver des sentiments comme un homme. Une scène dans le premier Blade Runner qui m'avait profondément marqué et qui m'avait remis en question et celle où Deckard abat froidement une répliquante qui tente de s’échapper comme pour échapper à son bourreau, étendu sur le sol et sans vie, des ailes dans le dos... Deckard vient-il de tuer un ange ou quelque chose qui lui est supérieure ? Bref Blade Runner c'est toujours plein de remise en question, c'est de la SF intelligente avec beaucoup de réflexion et de profondeur. La BO sans pour autant atteindre un niveau de génie comme celui de Vangelis propose des morceaux d'une assez belle qualité, par rapport au premier on est dans des tonalités un peu moins mélancoliques mais qui restent pour la plupart plutôt agréables a l’écoute même sans le film sous nos yeux. Les effets spéciaux sont à couper le souffle, comme par exemple les hologrammes qui sont éblouissants ou encore l’apparition de Rachel qui m'a laissé bouche bée. Un blockbuster mais qui fonctionne avec une démarche tout à fait différente dans sa façon filmer l'action et dont Villeneuve a préféré rester à une échelle humaine. Quand on me parle d'un film extrêmement long et ou l'action est peu présente il faut forcément que j'intervienne pour le défendre. Déjà sa lenteur et ce qui en fait sa force et pour moi chaque scène et importante au bon déroulement de l'histoire, je n'ai pas trouvé de scènes inutiles ou hors propos. Pour l'action c'est simplement que le spectateur d’aujourd’hui est habitué à une certaine surdose et ici elle est bien reparti tout simplement. Il y a tout de même des petits points négatifs qui m'ont déplu, dans le premier on avait une atmosphère très sensuelle et légère qu'on ne retrouve pas tout a fait dans celui-ci mais qui propose quelque chose de différent, pas mauvaise mais qui ne m'a pas autant captiver que celle de Scott, bien entendu il y a Rugter Hauer et...justement je ne peux le comparer avec personne. Il y a aussi une scène que j'ai trouvée ridicule presque comme un raccourci scénaristique. Deckard qui subitement n'a plus envie de tuer K car il aime la musique qui vient de passer...euh wait ça va Villeneuve ? Bon après le bonhomme nous offre tout de même une belle claque visuelle ainsi qu'une véritable leçon de cinéma. la scène avec la créatrice de rêve avec K m'a presque fait couler une larme, alors que les deux acteurs ne disent pas un mot, Villeneuve ayant plutôt préféré joué sur les émotions plutôt que sur des paroles. Un joli tour de force. Il a vraiment compris toute l'essence de Blade Runner tout en y mettant tout son talent. Les décors sont somptueux variés et vertigineux. Le genre de film qui nous rappelle à nous cinéphiles pourquoi on aime le cinéma. Une suite qui a toutes ses raison d'exister.Si maintenant une suite il y a, j’aimerai que ça soit dans 30 ans avec une nouvelle génération de réalisateurs ça serait cool... Mais faut pas rêver hein, sauf des moutons électriques ça on peut :)

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le 11 oct. 2017

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