Blade Ruinneur
Denis Villeneuve est un metteur en scène qu'on apprécie. Sicario, Enemy, Premier Contact... la plupart de ses œuvres sont puissantes, et on sait le bonhomme capable de mettre une beauté plastique...
le 4 oct. 2017
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Réaliser la suite de « Blade Runner » de Ridley Scott, un chef-d’œuvre pour beaucoup intouchable, est déjà une gageure en soi. Un film qui a inspiré bon nombre de metteurs en scène depuis trente ans et qui a été plagié, copié et pillé à maintes reprises. Une pierre fondatrice de la science-fiction aux côtés de « Alien » (encore de Scott), « 2001, l’Odyssée de l’espace », « Dark City » ou « Matrix ». La réussir en apportant sa patte tout en respectant le matériau originel est un véritable exploit. En relevant ce pari complètement fou, Denis Villeneuve s’assoit définitivement comme l’un des plus grands cinéastes en activité aux côtés d’un Christopher Nolan. Après « Prisoners » ou encore « Premier contact », il prouve, s’il était encore nécessaire de le faire, sa maîtrise implacable de la caméra et de la narration. Au final, que Ridley Scott préfère aller se casser les dents sur une suite décevante de l’excellent « Prometheus » plutôt que d’embarquer sur cette séquelle tardive, on se dit qu’on y a gagné au change.
La force principale de « Blade Runner 2049 » réside sans conteste dans le fait que le cinéaste canadien n’a jamais sacrifié l’héritage du film culte original sur l’autel du Dieu Dollar et du mercantilisme de bas étage. Il réussit ici le compromis parfait entre blockbuster intelligent et film d’auteur dans le sens premier du terme. C’est un film qui n’est pas toujours facile de prime abord, minéral sur la forme, complexe sur le fond, qui ne suit aucune mode et où la narration épouse la beauté sépulcrale des images. Le rythme est lent, l’intrigue parfois nébuleuse pour les profanes (surtout pour ceux n’ayant pas revu le film de 1982) mais il faut se dire qu’on n’est pas ici dans un film d’action ou un vulgaire produit hollywoodien sans âme. C’est même parfois excessivement bavard et, pour certains, le long-métrage pourra passer pour prétentieux. Mais le défi était tellement immense que l’on se refuse à s’arrêter à ces quelques scories. Il faut donc se laisser aller à la vision du cinéaste en assimilant le fait que nous ne sommes pas face à un blockbuster comme les autres, mais donc plutôt devant le mélange parfait entre projection d’un artiste doté d’une vision mêlé à un consensus à base de gros budget voulu par les studios et Ridley Scott, ici producteur.
Ce qu’il faut souligner en grand ici, c’est d’abord que l’on tient sans conteste possible la claque visuelle de l’année. Villeneuve est un esthète mais, sans copier l’original, il parvient à le réinventer pour plaquer devant nos yeux ébahis sa propre grammaire formelle. Il joue des filtres, d’une palette de couleurs incroyable et parfait ainsi l’œuvre de Scott pour que les deux films deviennent un diptyque sur le tard, évident et d’une cohérence graphique incroyable. Sa vision du futur, nihiliste et désespérée, marquera autant les mémoires des cinéphiles actuels que « Blade Runner » avait pu le faire dans les années 80. Par exemple, le Las Vegas de 2049 ou les cultures agricoles transformées à perte de vue dans les premiers plans du film sont autant de tableaux dantesques propres à imprégner nos rétines pour très longtemps. Porté par un casting irréprochable, où les femmes ont des rôles forts et décisifs, l’intrigue sait être prenante en ménageant les rebondissements avec malice au gré d’un scénario retors et intelligent. Quant à la bande-sonore, elle est proprement monstrueuse jouant des synthés nostalgiques de l’époque mixés avec les bruitages industriels contemporains pour nous emporter dan un maelström de fureur, de noirceur et d’images démentes. La porte est ouverte à une trilogie et c’est tant mieux.
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Créée
le 5 oct. 2017
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