Peugeot fait des voitures volantes maintenant ?

Petit divertissement sympathique techniquement nickel mais qui comme à l'image de la première adaptation n'a rien de sensationnel.
A la base "blade runner" ou plutôt "Do androids dream of electric sheep" est une oeuvre de SF de Dick dans un futur pas vraiment utopique où l'homme a détruit le système écologique de la planète et où pour essayer de revenir à la normale on a interdit l'utilisation de technologie trop polluante sur terre -mais sur les colonies extra terrestres on en a toujours le droit- en particulier les robots. Et ce faisant l'histoire repose sur deux conséquences, la première qu'il est socialement considéré de pouvoir assurer la subsistance d'un animal et plus il est gros plus on témoigne de son niveau social afin de participer au renouveau planétaire, la deuxième que les robots pour avoir le droit d'exister sur terre doivent se faire passer pour des humains. Notre personnage principal qui est un policier spécialisé dans la recherche de robots maquillés en humain rêve d'améliorer son statut social et de posséder un mouton, d'où le titre qui résume un peu les deux thématiques, est ce que les androides rêvent de posséder un mouton électrique.


Dans la première adaptation de Ridley Scott une des deux thématiques a été passée à la trappe. On se concentre uniquement sur les "réplicants" et sur une sorte de test de turing auquel les nouveaux robots performent mieux que les humains. Tout ce qui est de la réaction de l'homme face à ses dérives passées et sa volonté d'inverser les choses passe à la trappe. On voit un monde bien pourri qui n'a pas encore choisi de s'améliorer où on essaye d'introduire des robots déguisés en humains sans expliquer la nécessité du déguisement car ils sont interdits sur terre. On ne nous présente pas non plus que tout cela est rendu possible par le fait que les sociétés de robots ont acquis un savoir faire et des ressources financières dans les colonies mais qu'elles n'ont pas le droit de le faire sur terre. Bref le contexte est extrêmement mal expliqué. Au contraire on nous fait croire que faire passer les androides pour des humains est une finalité d'une sorte de "grand remplacement" alors que ce n'est qu'un moyen.


Dans cette seconde adaptation qui en réalité se présente comme une suite, tout ce qui est hérité de la première adaptation passe à la trappe, à part le superflu. L'essentiel c'est le contexte, le superflu c'est l'histoire spécifique autour de Harrisson Ford ce qui permet de le faire revenir pour un second rôle (même si l'affiche prétend qu'il a un rôle plus important) pour continuer la mode actuelle de le faire revenir dans les suites de ses anciens succès (Indiana Jones et le crane de cristal, le réveil de la force, expendables III, et maintenant celui ci. Un millénaire de SMIC pour certains de ces caméo, il aurait tort de se priver malgré l'indécence des montants). Donc désormais il y a une sorte de "black out" géant qui a eu lieu peu après le premier épisode et qui justifie que tout soit remis à zéro. Il n'est plus question de traquer les androides, il y en a partout, il faut juste traquer les androides des anciens modèles pré black out (d'ailleurs pour la petite blague, IRL les Nexus 4,5,6,7,10 sont des smartphones android, dans le film le Nexus 8 est un robot androïde). Et le thème principal n'est plus de savoir déterminer si tel humain est un robot mais plutôt si tel robot n'a pas été fabriqué mais produit. Bref le contraire. Bien sûr comme le premier volet se foutait des thématiques environnementales et de la prise de conscience qui pourtant était la base de tout, dans celui ci on nous montre que malgré une vie bien crados, Los Angeles est couverte de brouillard et de neige chimique, San Diego est devenue une décharge géante et Las Vegas une ville radioactive abandonnée. Mais bien sûr on continue à avoir des néons allumés H24 partout et on roule en voiture volante pour polluer un max. En même temps normal, ces deux éléments étaient la signature visuelle du premier volet, et comme dans le cinéma l'image est plus importante que la cohérence scénaristique... En même temps quelque part c'est bien l'incohérence de la Californie actuelle, ça fait la morale sur l'écologie à tout le monde mais ça a un mode de vie parmi les plus dégueulasses de la planète si ce n'est le plus dégueulasse (étalement urbain (mais avec des voitures électriques ils diront), culture du tout jetable (mais recyclable ils diront), culture de fruits secs nécessitant beaucoup d'eau en plein désert (mais bons pour la santé ils diront), golf en plein désert (c'est bon pour la santé et le moral ils diront), de la clim à gogo, des batteries de voitures électriques méga polluante (mais sans émission de CO2 ils diront), usines délocalisées de l'autre côté du pacifique (pas de pollution locale ils diront, mais la pollution est délocalisées et celle du transport en plus au niveau global)...).


Bref, il y a un réel problème au niveau du scénario qui est incohérent avec l’œuvre originelle, le premier volet, qui est très léger au niveau complexité, qui en plus en lui même contient des deus ex machina (


comment il tombe sur la navette contenant Ford au niveau de l'océan. Comment il a accès à la créatrice de rêve sans recherche et sans rendez vous.


) , et dont les quelques twists sont visibles dès le début de leur fils scénaristiques propres(


Les vrais souvenirs implantés et pas vécus, l'identité de l'enfant, Jared Leto est fou et son androïde en tailleur tueur


). Toujours est-il que ça se laisse regarder sans effet soporifique, ce qui était pourtant à craindre à cause de l'usage abusif de filtres jaunes et oranges, le rythme très lent, et la musique qui tranche parfois par son absence complète parfois par sa saturation auditive. Les quatre actrices néérlandaises (la méchante), suissesses (la doctoresse), canadiennes(la pute) et cubaines (l'AI, non je ne parle pas d'agent immobilier) des années 80 sont agréables à suivre ceci dit, ça doit y participer. C'est d'ailleurs marrant de se dire qu'elles sont toutes moins vieilles que le premier film et qu'aucune n'est américaine pour un film holywoodien (Gosling non plus d'ailleurs, il a la nationalité du réalisateur).


Sinon pour terminer sur une note positive sur ce dernier thème du casting, j'ai été agréablement surpris, mais en même temps c'est souvent le cas chez Villeneuve voir par exemple ma critique sur Sicario, qu'on ne nous fasse pas le coup de la propagande LGBTABCDFGH ni des minorités, ni de la Shoah ou du féminisme voire féminazisme. Ni même de black washing. Pas d'allusions homosexuelles, pourtant


la scène où les deux filles se mélangent était une perche à tous les vices. Tout comme le fait que les androides ne se reproduisent pas mais ont besoin de "joie" une occasion de montrer des partouzes multi possibilités qu'un vrai réalisateur américain et pas québécois aurait saisi. Voire l'utilisation de Mackenzie Davis qui a joué dans un épisode de Black mirror qui est à peu près ce que j'ai vu de plus homonormatif qui soit.


Aucun asiatique alors que ça se passe à LA (en théorie Dave Bautista est asiatique des Philippines en particulier mais je ne pense pas que les gens le voient comme asiatique mais plutôt comme latino), juste un afroaméricain qui sert à rien "Wood Harris". Et deux autres africains, le fameux pirate du Captain Philips et le britannique "Lennie James". Autant Barkhad Abdi on se souviendra de son rôle qui est habituellement confié dans la SF a des geeks asiatiques ou des blancs obèses à lunettes, autant les deux autres seront vite oubliés.
Pas de femmes dominantes ou de façon délirantes bien meilleures que les hommes parce qu'elles ont un vagin,


Jared Leto est un homme, le héro est un homme, Robin Wright est une sous chef sans vraiment d'autorité et de pouvoir et se fait tuer facilement. Et la seule uberFrau est l'hybride réplicante mais qui est obligée de vivre dans une bulle. En plus les femmes de pouvoir se font tuer.


Aucune allusion à la Shoah et même une régression de la composante communautaire.


Dans le premier volet on avait un acteur juif face à une "Rachael". Ici toujours le même acteur juif, mais autrement juste une israëlienne (la maquerelle à un oeil) et un acteur juif (coco celui qui se fait tuer pour des os) qui apparaissent en coup de vent, et sinon faut taper dans les figurants. On est très très en dessous des quotas habituels.

wasabi
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le 7 oct. 2017

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wasabi

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