Blade Ruinneur
Denis Villeneuve est un metteur en scène qu'on apprécie. Sicario, Enemy, Premier Contact... la plupart de ses œuvres sont puissantes, et on sait le bonhomme capable de mettre une beauté plastique...
le 4 oct. 2017
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Film que j'attendais le plus cette année, Blade Runner 2049 est donc la suite du chef-d'œuvre de Ridley Scott, l'action se déroulant 30 après. Combinant les codes du film noir à la science-fiction, Blade Runner est devenu au fil du temps une référence incontournable du septième art et reste aujourd'hui encore une source d'inspiration sans fin dans des domaines divers et variés : cinéma bien sûr, mais également musique, architecture, jeux-vidéo, ou bien encore mode. Voir débarquer un second film avait de quoi susciter quelques craintes, dont celle de voir l'oeuvre originale perdre de sa superbe. Même si le projet mûrissait depuis de longues années, qu'on retrouve Hampton Fancher (co-scénariste du premier volet) à l'écriture, Ridley Scott à la production et Denis Villeneuve à la réalisation, la peur du remake déguisé en suite se faisait toujours sentir.
Les premières images dévoilées au public me rassurant quelque peu, elles annonçaient aussi clairement que Blade Runner 2049 proposerait une esthétique assez éloignée de celle de son illustre aîné. Effectivement, si de nombreux plans font écho au premier film, ici le style se veut plus épuré et plus froid. Finis ou presque le Chinatown du futur, Blade Runner 2049 prend de la hauteur et laisse place à d'immenses espaces : des champs de panneaux solaires, un San Diego devenue une gigantesque décharge à ciel ouvert et un Las Vegas déserté, en ruine, recouvert d'un épais brouillard orange. Quoiqu'il nous donne à voir, le film régale les pupilles de sa beauté plastique et de ses compositions millimétrées. D'autant qu'il prend son temps (2h43), laissant durer les plans plus que de raison, mais pour le plus grand bonheur de ceux qui aiment s'immerger complètement dans un autre univers. Blade Runner offrait déjà cette sensation unique, sa suite se le permet aussi, ce qui dans le monde des blockbusters d'aujourd'hui devient un véritable luxe, un pari assez audacieux et sans doute pas vraiment payant au box-office.
Dans les pas de l'agent K, Blade Runner 2049 délaisse donc l'action et le spectaculaire à tout pris pour s'attarder sur son enquête et surtout sa quête d'identité, l'un des éléments les plus intéressants. Parfaitement interprété par Ryan Gosling (son jeu s'adaptant sans mal au rôle d'un androïde), le réplicant K est sans conteste le meilleur personnage du film. Rejeté par des humains sans empathie, mais travaillant pour eux, rejeté par les réplicants qu'il a en charge de mettre hors d'état de nuire, il mène une existence assez misérable. Sans en avoir vraiment conscience, il aspire en tout cas à plus. Entre l'amour qu'il ressent pour sa petite amie virtuelle et l'enquête qui le conduit à s'humaniser de plus en plus, K s'émancipe peu à peu de son statut d'androïde.
Mélancolique et hypnotique, Blade Runner 2049 n'est pourtant pas exempt de défauts : l'enquête est un brin balisée, le personnage de Neander Wallace (interprété par Jared Leto) m'a paru assez caricatural dans son discours, le retour de Rick Deckard (Harrison Ford) n'a pas été le choc espéré, des explications n'ont pas lieu d'être quand d'autres éléments demeurent dans le flou, et la fin, satisfaisante, marquera moins les esprits que celle du premier film. Rien de rédhibitoire pour autant, Blade Runner 2049 s'en sort avec les honneurs.
Créée
le 10 sept. 2020
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