Bien que n’ayant pas eu l’occasion de regarder Blade Runner premier du nom, j’ai profité des largesses du programme télé pour mater sa suite. Et puis, après, j’ai vu qu’il y avait Ryan Gosling. J’ai hésité, M. Mono-expression et moi ne faisant pas bon ménage. Puis la bande-annonce m’a vendu Harrison Ford en t-shirt gris sale, alors je lui ai donné sa chance.


Car oui, j’ai un souci avec l’idole de ces dames, le chouchou des plateaux, traumatisée que je suis par sa larme sortie de nulle part dans The place beyond the pines et cet interminable plan d’un anonyme agonisant (ou pas) sur le siège conducteur d’un tacot pourri dans Drive. Manifestement, à Hollywood, on peut faire carrière en ayant une seule expression dans sa besace. Mais, un petit espoir est monté en moi en me rappelant quelques scènes de La faille et de La la land où ce monsieur retrouvait quelques attitudes propres au genre humain. Sauf qu’à la lecture du texte d’introduction de l’univers de Blade Runner 2049, je me suis laissée aller à cette folle hypothèse : « Laissez-moi deviner : c’est un robot ? ».


Bingo !


Tant pis pour moi, tant mieux pour tous les amateurs du genre. Nous avons donc ici Ryan Gosling qui joue un Blade Runner nouvelle génération, poursuivant des androïdes esclaves obsolètes car issus d’une usine ayant mis la clé sous la porte et rachetée par le nouveau constructeur (concrètement, ils marchent très bien ces vieux droïdes, mais ils n’ont pas le port USB 3ème génération intégré et ça, c’est inacceptable, ma bonne dame ! Heureusement qu’on ne fait pas ça pour tous les Smartphones qui sortent, le gars n’aurait pas fini de cavaler…). Bref, nous retrouvons donc Ryan le Monolithe qui décapsule ses petits camarades pour le compte de la police de Los Angeles (non, Tokyo… non, Moscou… non… Attendez, on est en Californie là ?), le tout avec une froideur inébranlable. Sauf que voilà, au moment de remettre un pied dans sa Peugeot volante, il remarque un bouton d’or au pied d'un arbre décédé (sûrement à cause du brouillard permanent qui l'entoure). Il demande donc à son drone décapotable de sonder le sol au niveau des racines dudit végétal et il en ressort qu'une caisse contenant des ossements humains y a été enterrée. Et c'est là que les emmerdes commencent.


Voilà pour l'introduction, passons au reste du scénario. Je pense qu'en tant que néophyte, je suis sûrement passée à côté de bon nombre de références et d'indices qui auraient peut-être pu me mettre la puce à l'oreille ; quoiqu'il en soit, j'ai été bernée par le scénario, pensant pompeusement avoir trouvé le fin mot de l'histoire presque une heure avant que Ryan ne construise la première synapse de son histoire de Replicant 2.0. Sauf que je me suis plantée et je remercie les scénaristes d'avoir poussé leur doigt dans mon oeil jusqu'à mon coude (ça m'apprendra à croire que j'ai un cerveau en état de marche).


Pour ce qui est de l'ambiance, Villeneuve maîtrise son sujet à fond les manettes en nous dressant un portrait idyllique de notre futur : de la pluie, du brouillard, de la pluie, du sable, de la pluie et de la neige quand il fait beau. Tout ça agrémenté de néons et d'hologrammes géants garantis 100% pure fracture rétinienne, de décharges d'ordures aux proportions continentales où on exploite toujours les petits enfants pour construire des circuits imprimés (comme quoi, y'en a qui ont de l'avenir...), de rues dégueulasses, des élevages de vers aquatiques (pour les protéines) et de misère sociale avec vue sur cour (tout le monde saura que tu forniques avec un être binaire grâce à la peu discrète sonnerie qui surgira de ta poche de façon intempestive). Mais, heureusement, Coca-Cola, Sony, Atari et Peugeot seront là pour nous épauler dans notre malheur.


Bon, en vrai, hormis les placements de produits grossiers, il est vrai qu'une ambiance génialement poisseuse suinte de ce film qui prend son temps. Il est clair qu'avec Villeneuve, nous ne sommes pas en train de courir après le dernier métro. On flâne, on se promène, on s'arrête pour ramasser des pâquerettes, puis on lève le nez pour voir la locomotive disparaître à l'horizon avant de hausser les épaules, indifférent. Autant que vous le sachiez tout de suite, Blade Runner ne court pas beaucoup dans ce film (une fois, si mes souvenirs sont exacts, et après Harrison Ford et ses 75 ans bien tassés ; donc inutile de dire qu'il ne court pas bien vite).


Mais à la limite, on s'en fout un peu. L'histoire n'est pas bien compliquée à comprendre malgré les discours grandiloquents d'un Jared Leto aveugle (c'est c*n, ses yeux, c'est ce qu'il y a de plus beau chez lui !) et finalement, c'est surtout la direction artistique qu'il faut applaudir à la sortie du visionnage de ce film. Ca ne donne clairement pas envie d'être en 2049, mais ça en impose bien comme il faut.


Bon, alors, vous allez me dire : "mais pourquoi 5 ?". Parce qu'à la fin de cette séance de 2h49 (quand même) et même après une digestion de plusieurs heures, je ne saurais toujours pas vous dire si j'ai bien aimé ou pas. Certes, c'est esthétiquement chiadé, le contre-pied m'a plu et j'ai découvert que Ford pouvait verser sa larmichette, mais à côté de ça, Ryan n'est pas au mieux de sa forme (il sourit), on ne s'attache pas assez à Joi pour éprouver quoi que ce soit pour elle et la musique est bien choisie mais vite oubliée. Sans compter que quelques passages mériteraient des explications supplémentaires.


Donc, je mets la moyenne. Voilà.

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le 21 sept. 2020

Critique lue 93 fois

NicodemusLily

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