Le Livre des Ombres ?

Près de 250 millions de dollars de recette pour un budget qui ne dépassait pas les 22,000 dollars, un succès-surprise et une fanbase de plus en plus grandissante... On peut dire que Le Projet Blair Witch a su frapper fort. Débarrassé des clichés de films d'horreur classiques, le film d'Eduardo Sánchez et Daniel Myrick s'appuyait au contraire sur un concept alors inédit : le found-footage, ou la présentation d'un film amateur censément réel et "retrouvé". Des frissons rares mais sincères et une identité remarquable ont fait du long-métrage une réussite fracassante. Pourtant, les producteurs ont décidé de créer une suite plutôt inattendue et sans aucun doute inutile, bien que le fait d'explorer la légende de la Sorcière de Blair soit plutôt une bonne idée...

Malheureusement, cette séquelle n'aura pas les mêmes honneurs et on comprend pourquoi. Le film ne réutilise pas le même concept que le premier, il emprunte pourtant originellement le même procédé quasi-documentaire, le réalisateur Joe Berlinger (œuvrant auparavant dans le documentaire justement) ayant opté pour un maximum de réalisme pour plus de frissons. Pourtant, peu satisfaits du résultat final, la production décida de s'atteler à de nombreuses coupes et même à quelques reshoots histoire de présenter au public un vulgaire film d'horreur avec son lot de scènes choc et beaucoup plus de plans dits 'traditionnels'.

C'est fort dommage car l'interprétation reste foncièrement plaisante et le scénario s'avérait un tant soit peu solide narrant une nouvelle péripétie assez originale où l'on explore un peu plus les tréfonds de la forêt de Black Hills. Hélas gâchée par quelques plans rajoutés qui enlèvent pas mal de logique au scénario et une B.O. abrutissante qui enlève beaucoup du naturel du film, cette séquelle reste dans l'ensemble regardable et arrive à étoffer la légende de Blair en se moquant justement du côté found-footage mais peine clairement à demeurer crédible. Une réappropriation du genre aussi osée que maladroite qui aurait largement pu être meilleure en étant un brin plus personnelle. À vos risques et périls.