Nouvelle adaptation de Blanche-Neige. Mais pas en blockbuster avec une sous-douée Kristen Stewart. Non plus avec un kitsch et un humour bancal. Cette adaptation vous fera vite oublier les deux autres de l’année précédente. Car elle en est pas totalement une pour dire vrai. Pour dire juste, Pablo Berger se sert du célèbre conte des frères Grimm pour raconter son histoire passionnante. Le cinéaste espagnol nous conte un mélodrame unique où il utilise les personnages de Blanche-Neige. En mélangeant quelques informations, il enlève la magie pour donner un récit plus réaliste. En effet, Pablo Berger arrive à garder le cap de son histoire et ne jamais perdre le fil du conte alors qu’il mêle avec brio aussi bien une ambiance dramatique et quelques pointes d’humour.

Mais ce qu’il faut surtout voir, c’est que Pablo Berger nous montre tout le grotesque de l’histoire. Avec ses pointes d’humour et son côté mélodramatique à deux sous, Pablo Berger nous filme son histoire avec beaucoup de maniérisme. Un maniérisme qui nous poussera à voir que l’émotion n’est pas réelle, tout est dans le non-sens. Toute péripétie est ridicule et chaque plan le prouve. A l’aide de ses gros plans sur les sentiments bruts, Pablo Berger montre le côté fantasque et burlesque de l’histoire pour nous dire ce que la vie a de fabuleux et de fantastique : l’amour, l’amitié et la vie.

Espagne, les années 20. C’est donc aussi un film en noir et blanc. Mais un N&B très contrasté, avec des nuances de gris savoureuses pour le côté dramatique. Puis un côté haut en couleurs pour un peu d’humour et de frivolité. Pablo Berger nous raconte tout d’abord l’histoire d’une famille séparée où le père sera en proie à une femme amoureuse de l’argent. S’en suit une fille livrée à elle-même et qui retrouvera malgré tout une famille à travers l’amitié. C’est le récit de la vie, mais c’est avant tout (et surtout), un portrait du monde.Mais ce portrait de la société prend une autre saveur quand Pablo Berger se met à nous offrir des hommages à la culture espagnole. Que ce soit en passant par le flamenco, Picasso, la corrida, les grandes familles bourgeoises, etc. Pablo Berger nous parle donc de l’Espagne et de tout ce qui s’y rattache. C’est toute la grâce du film.

Ce film, livré comme une danse de la mort, nous montre que le muet peut encore nous parler et que le noir & blanc peut toujours nous émerveiller. A l’image du dernier plan, on s’attend à un événement (ou une péripétie) mais le traitement final de cette situation nous laisse malgré tout bouche bée. Et jamais le jeu d’acteur ne paraîtra faux tant toute l’émotion du film ne vient que des yeux des acteurs/actrices. De plus, ce film à l’apparence ancienne a tout de moderne. Il se joue magnifiquement de la photographie – malgré un manque cruel de relief –, de la musique enivrante, de l’émerveillement enfantin ancré en nous, etc. On pourra également relever une mise en scène très virtuose où tout est dans la mélancolie et la proposition d’inventivité. Ce film n’est rien d’autre qu’une proposition artistique du conte des frères Grimm.

Finalement, BLANCANIEVES est un film qui ravive le cinéma d’antan. Éloge au cinéma muet et au noir & blanc, le film de Pablo Berger nous prouve que l’on peut encore faire des films avec ces méthodes tout en restant moderne et créatif. Un film qui pourrait faire beaucoup parler de lui grâce à son côté maniériste et grotesque sur l’histoire en y relevant l’humour mise dans le mélodrame. Tout en étant un portrait de la société et une fresque culturelle de l’Espagne dans les années 20, ce film est une vraie proposition artistique pour le célèbre conte Blanche-Neige des frères Grimm.

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Auteur : Teddy
LeBlogDuCinéma
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le 26 août 2013

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