Une épidémie de cécité touche de plein fouet une ville, voire un pays et plus particulièrement une poignée de personnages lourdement cosmopolite qui est censée nous passionner pendant plus de deux heures... Très vite, le gouvernement décide d'envoyer tous les malades dans un centre fermé, en quarantaine...

Ayant l'impression d'avoir une thèse à faire passer, le réalisateur appuie lourdement sur tout ce qui pourrait lui servir, plonge sans pudeur jusqu'au glauque et assène son propos avec la délicatesse tendre d'un gnou hystérique pendant la saison des amours...

Bien entendu, se sentant largement au-dessus de ça grâce à la profondeur de son propos, le cinéaste abandonne dès le début toute crédibilité à son histoire et n'est même pas capable de respecter les deux ou trois codes de départ, peinant à justifier la poursuite de l'enfermement et des approvisionnements et incapable de faire ressentir le fonctionnement précis du système carcéral original qu'il propose, probablement plus par ignorance que par maladresse d'ailleurs, mais un subtil mélange des deux n'est pas non plus une hypothèse à repousser d'emblée...

Chez Fernando Meirelles, réalisation rime toujours avec photographie saturée (ou désaturée d'ailleurs) et caméra épileptique, on se demande si ce n'est pas l'alpha et l'omega de son travail et qu'il s'estime satisfait à partir du moment où ses effets bien lourdingues sont mis en place.

C'est dommage, à part un Gael Garcia Bernal proche du ridicule et du degré charismatique zéro, chacun essaie de faire de son mieux avec un scénario pourtant bien mal écrit... Et puis, tout était en place pour proposer quelque chose d'un peu palpitant, des questions de survie particulières, la situation privilégiée de Julianne Moore qui ne s'en sert que pour faire l'infirmière, ce qui est quand même ballot...

Au final rien d'intelligent à proposer, un cinéaste lourdaud et prétentieux et le sentiment d'avoir assisté à quelque chose de profondément gratuit, vide et maladroit qui n'est pas non plus capable d'être un spectacle acceptable.
Torpenn
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le 16 janv. 2012

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Torpenn

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