Diamants sur canardés

Il y a une semaine Arte rediffusait Lord of War, et comme la vie télévisuelle n'est pas toujours mal faite, Blood Diamond venait ce mercredi soir idéalement le compléter d'un point de vue thématique...

Effectivement, là où le premier se focalisait sur le trafic d'armes et - entre autres - les guerres civiles africaines qu'il perpétuait, le drame qui nous intéresse ici nous amène au coeur même des conflits armés de la Sierra Leone (et accessoirement au Liberia) où le diamant est roi. Et force est de constater qu'Edward Zwick ne lésine pas sur les moyens pour nous éclabousser de véritables carnages, d'une boucherie de fusillades à grands renforts - parfois - d'hélicos et de missiles aux explosions ultra-réalistes. C'est terrifiant et très spectaculaire, mais d'un autre côté, l'aspect blockbuster d'action ultra-violent décrédibilise quelque peu le message politique...

L'autre sujet majeur du film, c'est celui des enfants soldats. La manière dont les rebelles les kidnappent, les embrigadent, les saoulent, les droguent, et leur bourrent le mou, fait véritablement froid dans le dos, et de ce point de vue le film remplit parfaitement son rôle : on en ressort groggy et désolé de la race humaine. Le nez dans sa merde. Et comme dirait l'un des protagonistes : "La situation ce sont des monstres au pouvoir, et des rebelles encore pires."

Tout cela aurait donc pu être excellent, et ce d'autant plus qu'on ne pouvait guère rêver mieux au niveau de la distribution : Leonardo DiCaprio en contrebandier sud-africain - ou presque - manipulateur et cynique, Jennifer Connelly en journaliste américaine limite bobo, et Djimon Hounsou en pêcheur miraculé, malgré un rôle où l'amour aveugle est poussé à l'extrême, font preuve de conviction. Parce que voilà quoi, y a un moment où on comprend que Léo ait envie de le claquer tellement ses réactions lorsqu'il retrouve un ou plusieurs des membres de sa famille s'avèrent d'une déraison folle...

Blood Diamond, malgré pas mal de défauts liés à son statut de blockbuster hollywoodien comme le prosélytisme, des instants émotions parfois trop appuyés, des dialogues sans intérêt particulier, ou encore un dénouement relativement convenu, a cependant le grand mérite de montrer avec force une réalité détestable, de prendre aux tripes, d'être bien rythmé, de nous surprendre aussi, et au final de ne presque jamais ennuyer malgré sa durée imposante.

NB : c'est un petit 7, je ne vous le cache pas...