Et encore un film tordu pour nos amis coréens. Préalablement il ne faut se fier ni à l'affiche, ni au titre, ce n'est pas un film d'horreur bien crado ou un slasher sanguinolent (quoique en dernière partie...). « Blood Island », seul film en date du dénommé Jang Chul-Soo, est un mixe curieux mais plutôt habile entre le drame humain, le thriller sombre et le rape and revenge. Comme à l'accoutumée avec les coréens, on pose calmement le cadre, on fait monter la tension puis on balance sans prévenir la sauce à grand renfort de scènes chocs dénuées de retenue, quitte à parfois desservir un peu le réalisme du propos (le dernier quart d'heure est une boucherie parfois à la limite du grand-guignol). Jouant à fond la carte cathartique, en filmant le lent pourrissement psychologique puis la vengeance d'une jeune fille souffre-douleur d'un village insulaire peuplé d'irréductibles pécores sinistres, le réalisateur réussit un exercice de style original et marquant en utilisant des thèmes comme le machisme, l'amitié puis la lâcheté. L'atmosphère à la fois glauque et désespérée (les coréens ne sont pas de grands optimistes) est habilement mise en scène et l'actrice Young-Hee Seo livre une excellente prestation. On regrettera simplement que le film ne démarre réellement qu'au bout d'une bonne quarantaine de minutes, minutes durant lesquelles on se demande si on regarde le bon film.