Après Psycho Goreman dont je vous ai parlé récemment, voici le nouveau petit délire gore du moment qui a très bonne réputation, le bien nommé Bloody Hell. Premier film horrifique du réalisateur australien qui avait jusque-là pondu Kokoda (2006), Sanctum (2011) et Tiger (2018), Bloody Hell est une comédie horrifique, premier opus d’une potentielle trilogie à condition que, bien entendu, le film marche. Ça, l’avenir nous le dira, mais une chose est sûre, c’est qu’après avoir fait sensation dans les divers festivals par lesquels il est passé (Fantasy Filmfest, Nightstream Film Festival, Saskatoon Fantastic Film Festival) et au vue des premières critiques trainant ci et là sur la toile, il y a fort à parier que le film trouvera son public tant il est une vraie bouffée d’air frais dans le cinéma comico-horrifique, voire le cinéma horrifique tout court. Alors si ce film vous intéresse, je vous invite à ne pas regarder de bande annonce, à ne même pas lire la suite de cette critique qui risque de spoiler un minimum, et de vous jeter dessus.


Si vous n’avez pas peur des spoilers, alors vous pouvez continuer la lecture. La première chose à savoir, c’est que Bloody Hell est un film qui surprend constamment grâce à une narration intelligente et un sens du timing vraiment maitrisé. Le film commence comme un polar / thriller, avec un braquage de banque très bien mis en boite et qui va nous présenter le héros et le point de départ de l’histoire. Rapidement, le film change de registre et par sur le terrain glissant du film d’horreur avec une famille de dégénérés cannibales. Il y en a eu beaucoup ces dernières années, mais là aussi Bloody Hell surprend car il ne va pas céder aux habituels poncifs du genre. Le film fourmille d’idées excellentes, et même s’il n’a pas le temps de toutes les exploiter correctement, la faute à une durée trop courte et peut être un budget trop limité, il ne va néanmoins en laisser aucune sur le bas-côté. Le côté comédie fonctionne à fond. On est dans de l’humour noir, grinçant, sarcastique. Des fois, une simple petite idée d’une seconde nous arrache un rire. Le film va jouer avec les changements de ton, un « gag » venant désamorcer un moment plus tendu ; et inversement, et on va assister à des moments bien grotesque (dans le bon sens du terme). Bloody Hell n’est malgré pas du tout une parodie de films d’horreur avec une famille cannibale. Juste il va traiter la chose différemment, notamment en s’attardant régulièrement sur le point de vue de la famille de dégénérés, en les rendant presque humains sur certains points (bien que pas du tout sur d’autres). Alister Grierson joue même parfois la carte du décalage entre le ton d’une scène et ce qu’il s’y passe réellement, comme lorsqu’un personnage fait un pansement sur un moignon tout frais (une jambe coupée), avec tout ce que cela implique de regards qui se tordent et de sang qui coule, mais que c’est mis en scène à la manière d’un moment romantique.


La mise en scène du film est excellente. Visuellement, Bloody Hell est une réussite, aussi bien dans sa photographie que dans la manière que le réalisateur a de filmer certaines scènes. Le montage est également à retenir et donne à certaines scène un côté très percutant. La bande son est également un très bon point. L’histoire est tantôt drôle, absurde, souvent exagérée, tantôt violence, brutale, mais là aussi, c’est souvent burlesque et exagéré. Du coup, malgré l’aspect assez gore de certaines scènes, le film ne succombe pas à la facilité et ne verse jamais dans le torture porn. C’est monté de manière à jamais nous ennuyer, et le film se permet un retour en arrière afin de nous donner plus d’explications sur le début du film, avant de lancer le festival de fin. Alister Grierson est un réalisateur très malin, et le résultat est que son film a un côté assez jouissif. Mais LA plus grosse réussite du film, c’est sans doute la performance de son acteur principal. Certes, tout le casting est très bon, mais Ben O’Toole (Nekrotronic, Tu ne Tueras Point) est tout bonnement génial, toujours à la limite de la folie sans jamais réellement y tomber. Avec ses faux airs de Robert Downey Jr, il incarne deux personnages, le héros et sa conscience, et jamais son jeu ne faiblit. Un véritable tour de force. Il est aidé par des dialogues très bien écrits, dont certaines répliques mémorables, plus particulièrement lorsqu’il discute avec sa conscience (donc avec lui-même). Le réalisateur en profite pour se moquer gentiment des punchlines qu’on peut voir au cinéma, mais aussi des réseaux sociaux, du système judiciaire parfois injuste, de la malbouffe, des américains, … C’est parfois assez gratuit mais ça reste fun.


Vous l’aurez compris, Bloody Hell est une excellente comédie horrifique qui prouve une fois de plus que le cinéma indépendant en a sous le capot. C’est fun, rythmé, bien interprété, ça nous surprend constamment, … Bref, une très bonne surprise de ce début d’année.


Critique originale avec images et anecdotes : ICI

cherycok
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le 16 févr. 2021

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