L’idée de départ face à la justification de l’ensemble

Brian de Palma a la quarantaine quand il tourne Blow out. Son expérience cinématographique et une réputation le précédant déjà lui permettent d’aller vers un film beaucoup plus personnel.Le personnage de Jack Terry, preneur de son modeste, peut s’apparenter à un double de lui-même passionné par le rapport au son et à l’image. Le mimétisme s’arrête là quand son personnage principal devient acteur suite à ’un accident de voiture s’avérant louche.Son humanité prend le pas sur son occupation professionnelle, néanmoins déterminante dans la recherche de la vérité sur la mort suspecte de l’homme politique qu’il n’a pas pu sauver.Ce qui m’a aussi semblé intéressant dans Blow out, c’est la façon dont Terry va faire ressurgir un épisode traumatique de sa propre vie. Celui où il n’a pu sauver un policier qu’il avait équipé dans une filature.Le dernier tiers du film où il veut racheter son erreur passé ( via Sally,la jeune femme qu’il a sauvé de l’ « accident de voiture ») le renvoie à revivre son souvenir douloureux indirectement.Au delà d’une idée de départ menant De Palma à affirmer que le technicien de cinéma est en quête de rendu artistique idéal, se dressent les aléas d’une réalité moche où avoir un minimum de satisfaction d’aboutir devient illusoire. Terry le constate quand il veut aider la police sur la vérité sur MacRyan ou la presse avec la copie de son film/bande-son.Toutes ces expositions trouvaient une cohérence remarquable jusqu’à l’introduction du tueur ( mouillé dans le fait divers et agissant pour un extérieur dont on ne saura jamais le mobile).C’est là que la justification de l’ensemble pêche un peu car le bad guy ( aussi bien interprété soit-il par John Lithgow) manque de clarté. Développer cet aspect du film aurait sans doute demander à de Palma une réécriture plus exigeante.Au final, Blow up est donc intuitif et sensoriel comme pour montrer qu’une partie de la réalité a échappé à Terry ( et là où John Travolta, en état second, accomplit ses meilleurs plans).Une fin de partie un peu frustrante mais rappelant que le cinéaste est souvent intéressé par les failles personnelles de ses personnages sur lesquelles ils n’arrivent jamais à obtenir un début d’emprise.