Un film peut être à la fois mauvais et fascinant. Fascinant parce que la photographie du film est superbe, parce qu'il nous dresse un portrait d'un allumé assez grave et parce que l'argument scénaristique est potentiellement intéressant. C'est sans doute ce que les gens retiennent après la vision du film. Seulement il y a le reste : le syndrome du tirage à la ligne est omniprésent, forcement quand on n'a pas grand-chose à dire, on fait durer…même quand ça ne s'impose pas à l'instar de la longue séquence de pose du début qui devient vite gavante. On pourrait aussi parler des scènes inutiles comme celle chez l'antiquaire ou le concert des Yardbirds. Et puis il y a le jeu incroyablement exécrable de Vanessa Redgrave et bien sûr l'avortement de l'intrigue. Bizarrement deux scènes peuvent retenir l'attention, d'abord celle avec Jane Birkin et Gillian Hills, absurde et complètement décontextualisée de l'intrique, placée pour rendre le film vendeur, mais qui je l'avoue a de la gueule. L'autre est la scène finale avec les mimes, intrinsèquement elle a son charme, là où ça ne va plus c'est quand on veut nous faire croire que c'est la vrai conclusion du film et chacun y allant de son dépucelage de diptères en affirmant qu'il s'agit là "d'une vraie réflexion sur quelles sont les frontières entre le fictif et la réalité, et sur l'impossible communication entre les êtres" C'est vrai ça, Antonioni a raison de dénoncer ce fait, sinon il y en a qui vont encore croire que Superman et Dracula ne sont pas des êtres fictifs et après avoir vu Blow-up, ils iront beaucoup mieux ! En fait, pour paraphraser Voltaire, Antonioni n'a rien à dire, et il le dit mal.