Après une vague de déceptions successives, Woody Allen remonte enfin la pente avec la descente aux enfers de Jasmine.

Jadis, Jasmine French enivrait la haute société de Manhattan et des Hamptons pas son élégance, ses réceptions et son aisance... Apprêtée de parures Tiffany, de Kelly et de petites vestes Chanel, cette femme du monde s'épanouit pleinement au coté de se mari, brillant financier à la tête de juteux fonds d'investissement, self -made-man à l'américaine...

Son mari est en réalité un escroc (on ne peut s'empêcher de faire la comparaison avec Madoff), il est arrêté en pleine rue, la justice saisit tout leurs biens, les bijoux, le scandale est énorme,... Il finit les cervicales brisées dans sa cellule, pendu.

Ainsi le film s'ouvre en plein vol, Jasmine, plus un sous en poche ayant a peine pu s'offrir un vol en première, s'enfuit de la grosse pomme pour San Francisco, où elle n'a d'autre choix que d'y retrouver sa sœur, qui a accepté de l'accueillir quelque temps pour l'aider à surmonter cette épreuve. Mais les deux sœurs, ne partagent rien en commun hormis des parents d'adoption. Mais pour Jasmine seul un Birkin et quelques affaires sauvées dans une malle Vuitton sont les vestiges matériels de sa vie passée, à présent elle doit faire face à la dure réalité de la vie sans facilité financière.

Woody Allen réussit ainsi avec brio un jeu d'opposition accentué par une trame narrative alternant présent et flashbacks. Comparaisons et oppositions multiples : sociales (insouciance et opulence de l'argent face aux difficultés des américains touchés par les dérives de la crise financière), géographiques (différences entre la côte Ouest et Est), différences de tempéraments des deux sœurs...

Ce jeu de symétrie continu pourrait nous détourner du rôle central du film, mais Cate Blanchett nous livre ici surement le plus belle interprétation de sa carrière. En pleine crise existentielle, toujours sur le fil du rasoir, son jeu est parfait, dramatique et profond. Filmé avec maîtrise ainsi qu'avec ce jonglage d'allers et retours, Woody Allen nous dévoile peu à peu la psychologie de son héroïne brisée, dépressive, alcoolique, au passé plus complexe qu'il n'y parait au premier abord.

De nombreuses nominations dans quelques mois en perspectives, et je l'espère, une statuette pour Cate !
antoclerc
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le 7 oct. 2013

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