Deep River
Bien qu' aimant beaucoup le bonhomme, j' avoue avoir quelques réserves sur les films que Lynch a fait ces dernières années, mais par contre "Blue Velvet" (1986) est un objet hors du commun . "Laura"...
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le 24 mars 2011
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Chez David Lynch, tout est histoire de tableau. En revoyant ses films, je le soupçonne de plus en plus de n'avoir utilisé le cinéma que comme vecteur de plans fixes dont il aurait aimé faire des tableaux (puisqu'il est aussi, certains diront surtout, un artiste peintre, un designer ...)
Et comme souvent, Lynch avance masqué. A priori, il s'agit ici d'un thriller énigmatique, d'un film noir, voire fantastique (Grand Prix à Avoriaz). En réalité, il est question d'une succession de séquences qui vont former un contraste absolument incroyable pour illustrer la coexistence du bien et du mal dans des univers très proches, voire dans le même monde. On peut y croiser la très gentille Laura Dern et le très méchant Dennis Hopper. Et pour passer de l'un à l'autre il suffit d'ouvrir une porte, de chercher ce qui se cache derrière le velours bleu.
Kyle MacLachlan, acteur fétiche de Lynch, est ce jeune homme gentil mais curieux qui va ramasser une oreille sur son chemin et chercher à savoir à qui elle appartient.
Il va ainsi explorer sa face sombre en passant d'un univers à l'autre, et devoir choisir entre la sulfureuse Dorothy ( Isabella Rossellini ) et la gentille Sandy. Il s'agit donc pour lui d'un parcours initiatique. Il lui faudra affronter l'enfer pour pouvoir choisir son paradis.
Et l''énigme dans tout cela? Je trouve savoureux de constater que L'American Film Institute considère qu'il fait partie des 10 meilleurs films à énigmes jamais réalisés. En réalité, Lynch se moque pas mal de l'énigme. Il la résout d'ailleurs par une série de plans fixes rapides histoire de contenter le spectateur avide de connaitre le fin mot de l'histoire, mais c'est une sorte de concession. L'essentiel est ailleurs. Comme toujours, Lynch souhaite montrer se qui se cache derrière les apparences.
Il y a aussi la musique, outre des chansons bien choisies qui évoquent les années 50, c'est Angelo Badalamenti très inspiré qui illustre parfaitement le propos du réalisateur en variant les ambiances pour illustrer le clair et l'obscur.
Et puis il y a aussi et surtout pour moi ces superbes plans fixes, de magnifiques tableaux qui jalonnent ce long métrage, comme Laura Dern passant de l'obscurité à la lumière, comme Isabelle Rossellini à la fois vulnérable et dominatrice, comme le rouge gorge et le cafard (ce plan est vraiment incroyable), comme tous ceux que je ne peux pas citer parce qu'ils révèleraient une partie de l'intrigue.
Je comprends parfaitement qu'on n'aime pas ce film aux accents surréalistes et dont certains passages flirtent dangereusement avec le nanard par leur caractère excessif.
Mais si on le regarde simplement comme une illustration de l'éternel affrontement du bien et du mal, on doit forcément être touché par certains plans d'une grande beauté, ce qui n'est pas si fréquent que ça au cinéma ...
Créée
le 21 mai 2020
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