Il s'agit du premier polar de Melville. Le récit policier est aussi le prétexte pour une traversée poétique de Montmartre et du monde de la pègre parisienne. Dans une interview pour les Cahiers du Cinéma, Melville déclarait : « Bob le flambeur est une lettre d'amour à Paris, comme Deux hommes à Manhattan est une lettre d'amour à New York. Les lettres d'amour s'écrivent la nuit. » Le film annonce la nouvelle vague aussi bien du fait de l'influence du film noir américain que par son style et par son mode de production. Production légère, mélange de fantaisie et de réalisme, impression de « cinéma–vérité », tournage dans la rue, utilisation des codes du polar américain, digressions et ouverture à « l'imprévu », tout cela marquera les futurs cinéastes de la nouvelle vague qui le citeront comme exemple de film précurseur de leur mouvement. Melville sera le mentor d'un Jean-Luc Godard débutant, à la fois son plus proche ami et son modèle, dans les années 50–62. Il apparaît d'ailleurs dans A bout de souffle pour incarner Parvulesco, l'écrivain interviewé par Patricia (Jean Seberg) sur une terrasse d'Orly. À la fin de Vivre sa vie, Godard rendra de nouveau hommage à Melville, en tournant devant ses studios, rue Jenner à Paris, et en y faisant mourir Nana (Anna Karina) comme dans un polar qu'aurait pu tourner son maître. Mais le film se rattache aussi au courant du polar français traditionnel, genre Touchez pas au grisbi ! de Jacques Becker (1954). C'est ce mélange de genres et d'influences qui fait tout le charme de ce film et, paradoxalement, toute son originalité. Pour la petite histoire, Roger Duchesne est un acteur qui a eu une petite carrière dans les années 30 avant de s'acoquiner avec le milieu. Il est donc l'interprète parfait pour incarner le héros vieillissant du film.