Smile a laissé sa chance à Farrokh Bulsara qui s'est fait bête de scène du nom de Freddie Mercury, et Freddie Mercury a fait de Smile le groupe que le monde entier connait aujourd'hui sous le nom de Queen. L'un ne va pas sans l'autre, Queen est une famille. C'est pourquoi le titre du film est un excellent choix (ni "Freeddie Mercury", ni "Queen") d'autant plus que "Bohemian Rhapsody" est sans conteste la chanson qui définit le mieux Queen dans tout ce qu'ils revendiquaient musicalement parlant : la diversité et la non-conformité.


Lorsque la production du film a été annoncée, mon coeur amoureux de ce rock inclassable a tout de suite signé pour une séance de cinéma avant même d'en connaitre la moindre information. Déçue d'être née après la fin tragique du groupe, je ne pouvais pas manquer ce biopic. Pour 6.50€ (tarif étudiant oblige), j'ai eu la chance d'assister à un véritable concert. Qui dit mieux ? Si le film avait été raté, j'aurai au moins pu me réjouir de cette ambiance musicale hors du commun sur laquelle je n'ai pas pu m'empêcher de m'émouvoir et de me mouvoir (je sais, ça ne se fait pas au cinéma... ). Mais le fait est que ce long-métrage est réussi !


Tout en sentiment, les cinéastes ont fait de la vie d'un artiste de référence une oeuvre d'art accessible. Peu importe qu'il n'y ait pas de réel message politique revendicateur (à propos de l'immigration) ou social (à propos du VIH) alors que la vie de Freddie Mercury est digne d'un parcours de combattant, car ce film se suffit à lui-même, exactement comme la chanson "Bohemian Rhapsody" qui foncitonne comme un poème auquel on ne peut pas donner de sens général puisqu'il parle à chacun de manière personnelle. Bohemian Rhapsody a agit sur moi de cette façon, il m'a donné des ailes. Mais peut-être les a-t-il coupé à un.e autre spectateur/spectatrice dans la salle au même moment...


Pour un film réussi il faut un casting compétent. Avec Rami Malek dans le rôle du chanteur-compositeur, on ne peut pas douter de la qualité de l'acting. Cet homme incarne le protagoniste avec une justesse à toute épreuve, et le verbe "incarner" prend tout son sens ici considérant à quel point les traits physiques des deux stars se confondent pour ne faire plus qu'une (et je dois dire que globalement l'effort sur le physique des acteurs en général, et ausis sur les décors est surprenant de réalisme). Mais bien sûr le maquillage ne fait pas tout ! Je n'ai pas connu Freddie Mercury mais on l'a tous vu sur scène au moins via la télé ou internet. Rami Malek a le diable mercurien dans la peau, c'est indéniable ! Entre raffinement féminin et autorité virile, l'ambivalence rend compte de la complexité du personnage qui fait le show comme un homme heureux et qui, une fois chez lui, noie sa solitude. Des mimiques faciales aux déplacements en passant par la gestuelle jusqu'au play-back irréprochable. La façon dont les morceaux ont été calés sur les scènes de répétition en studio et les scènes de tournée est bluffante ! Aucune approximation technique à relever, et même si la perfection n'existe pas, je crois bien qu'on l'approche ici, il n'y a qu'à constater la scène finale qui est sans doute le point culminant du film : le concert Live Aid, reproduit avec précision.
Quant aux trois musiciens-chanteurs restant, ils ne sont pas en reste, ils possèdent chacun leur prestance ajoutant une touche d'originalité et de fraicheur tout au long du métrage. Cette image d'une bande de copains expérimentalistes un peu fous mais surtout déterminés à percer le monde de la musique fait rêver à un endroit où tout est possible.


Bohemian Rhapsody repose beaucoup sur la dimension spectaculaire de la chanson, et le spectacle n'existe que pour partager des émotions avec un public. Or ce film est sacrément émouvant. Il fonctionne justement parce qu'il est un savoureux mélange mesuré entre comédie et tragédie, entre drame et romance, entre réalité et vérité.


Farrokh Bulsara est parti de presque rien et Freddie Mercury est parvenu à presque tout. Le début et la fin sont clairs, c'est le milieu de l'itinéraire qui est bourré d'obstacle. L'un d'entre eux aura été fatal. Mais aujourd'hui on se souvient de Queen comme d'une légende, et je considère que ce film lui fait honneur.

abauteure
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le 13 nov. 2018

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