Fruit d’une production chaotique, qui a notamment vu le réalisateur Bryan Singer se faire virer du projet quelques semaines avant la fin du tournage (officiellement en raison d’absences répétées sur le plateau, officieusement pour différends artistiques avec l’équipe), Bohemian Rhapsody est un biopic, certes pas déplaisant, mais d’une banalité confondante. Totalement dépourvu d’aspérités, le long-métrage retrace de manière extrêmement édulcorée le parcours du célèbre chanteur. Tellement d’ailleurs qu’on pourrait presque parler d’hagiographie. Certaines failles du personnage sont, bien sûr, évoquées en filigrane (la drogue, l’alcool…), mais elles ne bénéficient malheureusement jamais du moindre traitement, le scénario s’en désintéressant complètement pour se concentrer exclusivement sur la musique. Prisonnier des codes du genre, le récit ne dépasse ainsi jamais le cadre du pur produit marketing, destiné à célébrer la vie flamboyante de l’idole sans jamais écorcher son image ou celle du groupe. Il en découle, du coup, un film manquant cruellement de vision, se contentant de revisiter la mythologie musicale mercuryienne plutôt que de la raconter en profondeur.


Cela étant, il se dégage une telle ferveur des morceaux de Queen qu’il est néanmoins bien difficile de ne pas se laisser emporter par le récit. Surtout que la plupart des grands titres ont droit à leur moment de gloire, rythmant plutôt efficacement les grandes étapes de la vie de Freddie. Si le film a un mérite, c’est indéniablement celui de rendre un bel hommage aux chansons du groupe. De l’arrangement musical au rendu sonore (impressionnant en Dolby Atmos), en passant par la mise en scène, les séquences « chantées » ne souffrent effectivement d’aucune fausse note. L’illustration parfaite étant évidemment le concert Live Aid à Wembley, qui réussit l’exploit de retranscrire de façon pratiquement identique l’ambiance électrique de l’époque. Côté casting, si on appréciera la puissance scénique indiscutable de Rami Malek lors des performances musicales, on regrettera par contre son manque d’authenticité lors des scènes de vie, pas aidé – il est vrai – par une prothèse dentaire pour le moins envahissante. A ses côtés, Lucy Boynton se révèle absolument lumineuse dans un rôle qui reste, toutefois, par son manque de développement, l’un des plus gros défauts du scénario.


Prisonnier des codes du genre, Bohemian Rhapsody est donc un biopic, certes pas déplaisant, mais d’une banalité confondante. Complètement dépourvu d’aspérités, le film ne dépasse jamais le cadre du pur produit marketing, destiné à célébrer la vie flamboyante de Mercury sans jamais écorcher son image. Reste malgré tout de superbes séquences musicales, transcendées par les morceaux de Queen.


https://cinerama7art.com/2018/11/05/critique-bohemian-rhapsody/

Wolvy128
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le 5 nov. 2018

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