La magie (et l’arnaque) d’un concert en salle

J’ai longtemps hésité à aller le voir ce « Bohemian Rapsody » tant mon entourage m’en a relayé des échos peu stimulants.
Seulement voilà, il était difficile d’ignorer les retours élogieux publiés sur SensCritique et surtout sur Allociné.
Et puis – je l’avoue – je n’arrive pas à renier totalement Bryan Singer.
Donc j’ai voulu y croire. J’ai voulu me faire mon avis. Et le moins que je puisse dire c’est que je comprends la position de chacun, à la fois de mon entourage réticent, et à la fois des posteurs élogieux.

Oui, je comprends les réticents parce que moi-même j’avoue rester circonspect sur la véritable plus-value (pour ne pas dire l’utilité) de ce film.
Des biopics sur des chanteurs et chanteuses célèbres on en a vu des plâtrées. Et franchement celui-là n’en est qu’un parmi tant d’autres ; sans aucune originalité aucune.
Effort de mimétisme de la part de son acteur. Trip de reconstitution minutieuse d’une époque donnée. Récit classique en rise and fall. Tous les ingrédients sont là sans que je puisse voir sur quoi poser mon intérêt.
OK, le jeune Freddie était talentueux mais mal dans sa peau. Il a mal géré son succès. Il a dû affronter des phases de doute et de destruction avant de se reconstruire à nouveau et atteindre la consécration.

« And so what ? » j’ai envie de dire.
Plus de deux heures pour qu’on raconte une énième fois une histoire que je connais déjà par cœur ?

Sur ce plan là « Bohemian Rhapsody » n’invente rien et ne surprend jamais. Pire, moi il a carrément peiné à me motiver en début de film et il m’a parfois laissé errer dans une certaine forme de lassitude à certains moments ponctuels de son intrigue.
C''est que, dans le genre clichés et stéréotypes scénaristiques, le film y va parfois à la truelle, n'ayant pas peur de s'éloigner pas mal de la réalité et cela juste pour servir quelques effets de manche assez grossiers.

Mais bon, d’un autre côté ce serait vous mentir que de dire que je suis ressorti de ce film froid comme la glace.
Même s’il le fait sans génie, ce film va piocher allégrement dans le répertoire de Queen et s’efforce de magnifier au mieux chaque morceau. Et comme il se trouve que j’aime beaucoup Queen, ça a eu l’effet escompté sur moi. A chaque note, chaque répétition, chaque brin de voix poussé par l’ami Freddie, je me suis laissé prendre.

Du coup – oui – je suis ressorti de là plutôt jouasse et tout vibrant de plaisir. Mais si d’un côté j’aurais envie de féliciter le talent de Singer d’avoir su se mettre au service de son sujet en faisant le strict nécessaire – avec sobriété et maitrise – de l’autre je ne peux m’empêcher de me dire que la seule et vraie raison du plaisir que j’ai ressenti à voir ce film tient au fait que j’ai assisté à une sorte de grand concert de Queen, un brin romancé, le tout dans une grande salle à l’installation sonore dantesque.

Du coup, à qui revient le mérite du plaisir ressenti : au film « Bohemian Rhapsody » ou à Queen ?
…Bon après, l’un dans l’autre, j’ai envie de dire que si le plaisir est là, il n’y a pas à se plaindre. Reconnaissons donc à ce « Bohemian Rhapsody » le fait qu’il est cohérent et maitrisé sur la plupart de ses aspects (réalisation, interprétation, narration) et qu’à défaut d’être original au moins est-il efficace.
Maintenant, pas sûr que quelqu’un qui soit indifférent au groupe Queen n’en pense la même chose, mais ça, ce n’est pas à moi de le dire…