The Little Pretender

Sept ans... Sept ans qu'on entendait parler du biopic consacré à Freddie Mercury qui, après de très nombreux rebondissements, est enfin arrivé en phase finale... Pas sûr, hélas, que le résultat soit à la hauteur (même si, au vu des nombreuses critiques spectateurs plus qu'enthousiastes, beaucoup me contrediront aisément). Alors, soyons très clairs : le boulot est loin d'être mal fait, le travail sonore est excellent et la façon dont sont intégrés les plus grands tubes du groupe habile, avec un montage parfois bien foutu, notamment dans les transitions entre répétitions et concerts. Sans être le plus ressemblant qui soit, Rami Malek livre une prestation habitée, les seconds rôles se montrant globalement plutôt convaincants (mention spéciale à la ressemblance de Gwilym Lee en Brian May, bluffante).

Malheureusement, si professionnalisme il y a, audace il y a... beaucoup moins. Bryan Singer ose très peu de choses, le scénario épargne en grande partie son héros, l'aspect très « propre », sans aucune folie de l'entreprise n'étant pas vraiment en phase avec ce que l'on pouvait attendre, espérer. Pas assez de scènes sur la genèse des titres (« Bohemian Rhapsody » excepté), collaboration cinématographique sur « Flash Gordon » et « Highlander » même pas évoquée, récit ayant du mal à trouver l'équilibre entre vie privée et vie pro, les autres membres du groupe peu mis en valeur... Je n'ai finalement appris que peu de choses, si ce n'est quelques anecdotes intéressantes ou certains détails bien vus, n'apportant pas d'éclairage nouveau sur cette personnalité pourtant si fascinante qu'était le grand Freddie. Presque un biopic de plus, voulant plaire au plus grand nombre en tentant presque d'être le plus consensuel possible : choix gagnant financièrement, le triomphe en salles est total.

Maintenant, loin de moi l'idée de vous encourager à ne pas y aller : les 135 minutes se font finalement peu ressentir, il y a un réel souci d'authenticité (malgré certains arrangements), notamment dans les très réussies scènes de concert, Malek donne beaucoup de sa personne, et puis... ba Queen, quoi ! Plaisir des oreilles assuré, donc, l'immersion musicale étant souvent totale, à l'image du

qui, à défaut d'être un grand moment de cinéma, est au moins un excellent moment de musique, et c'est déjà bien. Bref, si son succès en salles ne me dérange en aucun cas, nul doute que « Bohemian Rhapsody » aurait gagné à autrement plus d'insolence et de culot : tout ce qu'aurait sans doute eu le projet initial avec Sacha Baron Cohen... You can't always get what you want (oui, je sais, ce n'est pas d'eux!).