« Is this the real life ? Is this just fantasy ? Caught in a landslide, no escape from reality. Open your eyes look up to the skies and see. ». Je ne suis qu’un pauvre homme, je ne cherche pas la sympathie car je ne sais pas si c’est correct, ou incorrect de faire un biopic de cette manière.
Freddie Mercury a marqué toutes les générations de son vivant, c’est une légende et tout le monde le connaît. Il fait partie de ces grands-hommes de l’Histoire avec un grand h. Et comme eux, il a eu droit à son biopic. Réalisé par nul autre que Bryan Singer, à qui l’on doit les deux premiers films X-Men, Usual Suspects ou encore Superman Returns, Bohemian Rhapsody nous raconte la vie de Freddie Mercury du moment où il rencontre Brian May et Roger Taylor, avec qui il fondra le groupe iconique Queen, jusqu’à la performance du groupe au Live Aid en 1985. C’est tout au moins ce qu’on essaie de nous faire croire, mais ce n’est pas tout à fait le cas, tout comme Bryan Singer n’a pas réalisé Bohemian Rhapsody entièrement. Il a cessé de se montrer sur le plateau suite à une accusation de harcèlement sexuel lors du scandale Harvey Weinstein. Ainsi, un certain Dexter Fletcher l’a remplacé pour « achever » le film. Cependant, cela a raté et se voit également par le montage qui n’est pas celui qui était prévu. Bryan Singer est un réalisateur qui travaille énormément ses images et son montage, et dans Bohemian Rhapsody il y a de belles images pleines de symbolique par moments, mais pas tout le temps et elles se retrouvent au milieux d’images plates, c’est-à-dire sans symbolique et d’une certaine froideur. Cela est révélateur d’un changement de réalisateur au cours du projet. Mais cela n’est pas le problème majeur du film.


Le point qui est le plus dérangeant dans ce film c’est l’histoire que l’on nous raconte. Farrokh Bulsara travaille à l’aéroport d’Heathrow comme bagagiste quand un soir il rencontre, suite à leur concert dans un bar, Roger Taylor et Brian May avec qui il décide de fonder un groupe où il remplace le chanteur qui venait juste de les quitter. Ce groupe, qui se nomme Queen, va faire parler de lui, rencontrer un producteur qui va lancer leur carrière. Cependant, le chanteur, qui s’est renommé Freddie Mercury, et le groupe 

finissent par ne plus s’entendre. Ils se séparent mais se regroupent in extremis pour le concert du Live Aid en 1985


. Et c’est dans cette histoire que réside le problème du film : chaque détail important du film est un mensonge. La vie de Freddie Mercury n’était pas celle que le film nous raconte. En effet,


le groupe ne s’est pas rencontré comme dans le film, le manager qui refuse de mettre Bohemian Rhapsody en single promotionnel n’a pas existé comme dans le film (il est ici incarné par Mike Myers et ne sert qu’à faire une référence à Wayne’s World) et n’avait pas le nom qu’il a dans le film, nous avons ici un personnage inventé. Le groupe ne s’est pas séparé avant le Live Aid et encore moins parce que Freddie Mercury avait accepté de l’argent pour faire un album en solo. Et enfin, au Live Aid, Freddie Mercury ne savait pas qu’il était contaminé par le VIH


. La faute de ce scénario mensonger pourrait être attribuée à Hollywood, qui aime faire dans le spectaculaire, comme les médias actuels d’ailleurs. Mais les personnes à blâmer sont celles qui devraient blâmer cette histoire : Brian May (guitariste du groupe Queen) et Roger Taylor (batteur de Queen) qui sont producteurs du film. Ces deux « amis » de Freddie Mercury, qui ont vécu la véritable histoire, ont décidé de produire un scénario qui mentait sur toute la vie du chanteur charismatique de Queen décédé en novembre 1991. Il s’agit là d’une trahison sans pareil et d’une faute impardonnable. L’acteur Sacha Baron Cohen, qui était pressenti pour le rôle de Freddie, a refusé de jouer dans le film car il jugeait que le scénario n’était pas éthique et ne respectait pas la vie de Freddie Mercury.


Cependant, il se trouve que le film est beau. Même si l’histoire racontée est un tissu de mensonge, elle fonctionne. Il y avait, dans la salle de cinéma au moment de mon visionnage, une tension particulière pendant la projection de ce film, le public allait passer deux heures avec Freddie Mercury (incarné par Rami Malek qui l’incarne avec maestria malgré sa prothèse de mâchoire beaucoup trop imposante) et pour certains, ils allaient revivre ce qu’ils vivaient quand ils avaient vu Queen en concert avant 1991. De plus, la musique de Queen, mixée en 7.1 pour les salles de cinéma, prend une toute autre dimension lorsqu’elle est diffusée pendant le film. Le mixage  et le montage sonore tiennent une place importante dans le film car certaines chansons (We Will Rock You notamment) ont une version spéciale pour le film.
Malgré la désertion de Bryan Singer, certaines scènes, qui sont de lui, fonctionnent parfaitement bien.

C’est notamment le cas de celle où Freddie Mercury se fait diagnostiquer du SIDA. Cette scène est parcourue de la symbolique de la mort, notamment avec l’idée de la lumière au bout du tunnel, et l’utilisation de la musique Who Wants To Live Forever


. Cela fait qu’il est impossible de ne pas pleurer face au film à ce moment-là. Le point fort de ce film réside justement dans sa capacité à transmettre et maintenir les émotions jusqu’à la fin. Ainsi, au moment où l’on commence à pleurer, il est impossible de s’arrêter avant la fin du film.


Bohemian Rhapsody est donc un film correct, qui fait le travail d’un film sur une star de la musique, bien que le côté décadence d’une star du rock des années 1970 soit plutôt absent. Cependant, en sa qualité de biopic, c’est un échec total. Ce film est plutôt une fan-fiction de la vie de Freddie Mercury qu’un véritable biopic : c’est un plaisir coupable que l’on regarde pour être diverti mais qui n’est pas éthiquement correct vis à vis de la vie de Freddie Mercury qui n’est heureusement pas là pour voir cela. « *Anyway the wind blows* ».

Créée

le 5 mars 2019

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