Le regard triste de Jean Seberg, en Cécile, dansant sans intérêt aux bras d’un prétendant au son de la voix grave de Juliette Gréco a l’effet d’une flèche percutant le sol. Cette puissante séquence d’introduction sert d’ancrage à tout le reste du film. Toute la partie de l’histoire se passant à la mer est d’une banalité heureuse sur fond de malaise mettant le spectateur en attente d’une finale fracassante. Les comportements volages des personnages de Raymond, Elsa, Cécile et Philippe, nous laissent entendre que la vie peut-être une partie de plaisir. L’arrivée d’Anne Larson interrompt tout cela. Cette femme réputée et droite vient les mettre en garde contre leur perdition. Ce n’est pas un hasard si elle évoque Spinoza. Raymond cède rapidement. Il abandonne sans compassion son objet de plaisir et consent au mariage comme pour se protéger contre lui-même. Cécile est beaucoup plus rébarbative aux directives d’Anne qui veut lui faire comprendre l’importance de se concentrer sur ses études si elle veut réussir sa vie. Au fond d’elle-même, Cécile sait qu’Anne a raison et le fait de l’avoir poussée à la mort en usant d’un stratagème afflige sa conscience de remords indélogeables. Les acteurs incarnent parfaitement les notions qu’ils représentent. L’idée de tourner le présent en noir et blanc et le flasback en couleur donne de la structure au scénario. Cela confirme le talent de Preminger à créer des univers homogènes à travers lesquels les contradictions des personnages nous amènent à réfléchir sur des aspects de la condition humaine.

Elg
7
Écrit par

Créée

le 4 juin 2018

Critique lue 622 fois

3 j'aime

Elg

Écrit par

Critique lue 622 fois

3

D'autres avis sur Bonjour tristesse

Bonjour tristesse
Spendius
8

Critique de Bonjour tristesse par Spendius

Avant tout, notons qu'il est étrange qu'un roman qui a rencontré un tel succès et un tel retentissement, n'ait jamais connu qu'une seule et unique adaptation. Mais quelle adaptation. Certes, le film...

le 14 nov. 2011

13 j'aime

Bonjour tristesse
JZD
7

Critique de Bonjour tristesse par J. Z. D.

David Niven est quand même très chic en maillot de bain en vieux play boy qui a encore un peu la classe. Et Jean Seberg est quand même toute belle en gamine de dix sept ans toute follette. Mais bon,...

le 21 nov. 2010

12 j'aime

5

Bonjour tristesse
Zolo31
5

Passe ton bac d'abord

Il est commun d'associer le roman emblématique d'où est tiré le film à la jeunesse rebelle et insouciante de son auteur Françoise Sagan. C'était donc un pari risqué pour un metteur en scène de 50 ans...

le 5 oct. 2020

8 j'aime

5

Du même critique

À tout prendre
Elg
8

Dans le courant

Voir ce film en connaissance de la fin tragique de Claude Jutra et de sa postérité ternie par des soupçons de pédophilie est plutôt troublant. Comme si notre élan d’appréciation pour le travail du...

Par

le 16 nov. 2020

3 j'aime

La Grande Évasion
Elg
7

La fausse évasion

Après Le vieil homme et la mer et Les sept mercenaires, voilà un autre film de John Sturges qui me laisse sur ma faim. À chaque fois le sujet ou la brochette d’acteurs à l’affiche avaient semé chez...

Par

le 3 nov. 2020

3 j'aime

1

Accattone
Elg
7

Sans pitié

Âpreté est le mot qui me reste à l’esprit après avoir visionné le premier long métrage de Pier Paolo Pasolini. Tout est rugueux, aride dans ce film : les décors, le propos, les dialogues. Il y a une...

Par

le 2 nov. 2019

3 j'aime