Le regard triste de Jean Seberg, en Cécile, dansant sans intérêt aux bras d’un prétendant au son de la voix grave de Juliette Gréco a l’effet d’une flèche percutant le sol. Cette puissante séquence d’introduction sert d’ancrage à tout le reste du film. Toute la partie de l’histoire se passant à la mer est d’une banalité heureuse sur fond de malaise mettant le spectateur en attente d’une finale fracassante. Les comportements volages des personnages de Raymond, Elsa, Cécile et Philippe, nous laissent entendre que la vie peut-être une partie de plaisir. L’arrivée d’Anne Larson interrompt tout cela. Cette femme réputée et droite vient les mettre en garde contre leur perdition. Ce n’est pas un hasard si elle évoque Spinoza. Raymond cède rapidement. Il abandonne sans compassion son objet de plaisir et consent au mariage comme pour se protéger contre lui-même. Cécile est beaucoup plus rébarbative aux directives d’Anne qui veut lui faire comprendre l’importance de se concentrer sur ses études si elle veut réussir sa vie. Au fond d’elle-même, Cécile sait qu’Anne a raison et le fait de l’avoir poussée à la mort en usant d’un stratagème afflige sa conscience de remords indélogeables. Les acteurs incarnent parfaitement les notions qu’ils représentent. L’idée de tourner le présent en noir et blanc et le flasback en couleur donne de la structure au scénario. Cela confirme le talent de Preminger à créer des univers homogènes à travers lesquels les contradictions des personnages nous amènent à réfléchir sur des aspects de la condition humaine.