J'ai abordé Bonnie et Clyde en pensant voir un film trop ancré dans son époque et dépassé, car si à sa sortie il pouvait être une révolution, aujourd'hui tout le monde s'entrelacent et se percent d'impacts de balle sanglants.
Et pourtant, quelle agréable surprise fut la découverte de ce film. Absolument rien n'a vieilli, principalement grâce à la mise en scène d'Arthur Penn, qui là où l'on aurait pu s'attendre à une vulgaire débauche de violence et de sexe après des années de code Hays, n'en fait jamais trop et touche toujours juste, retranscrivant la simple brutalité d'un coup de pistolet ou le pathétique échec du passage au lit. Mais ne pas en faire trop ne veut pas dire être sage pour autant, à l'image de se déversement de violence final, que je trouve entièrement justifié dans le récit, nos deux amants rêveurs rattrapés par la dure réalité.
Deux magnifiques amants, pleins de naïveté et de liberté que l'on prend grand plaisir à suivre dans leurs pérégrinations.
Bien que l'une s'embarque, un peu précipitamment je trouve, on comprend qu'elle ne résiste pas à l'appel d'une aventure pleine de promesses qui la sorte de son monotone quotidien, à l'image de cette introduction derrière les barreaux de son lit, puis se lève et tournoie d'ennui, et on accepte sans sourciller.
Mais il se dessine rapidement qu'avant la promesse d'aventure, c'est bien pour Clyde qu'elle est partie. Clyde, braqueur idéaliste et des plus charmeurs, à l'image de se grand sourire d'enfant qu'il arbore de tout temps .... et impuissant au lit !
Je trouve cette idée géniale, renforçant le sentiment d'attache de Bonnie qui reste à ses côtés malgré ce handicap, d'autant plus que la première chose qu'elle a désirée, c'est bien de le baiser !
Bonnie veut Clyde pour elle seule, et ce désire guide ses humeurs tout le long. Réticente à toute arrivée étrangère, elle ne supporte plus leurs présences là où elle voulait être juste en compagnie de Clyde, la poussant même sur le départ.
D'ailleurs, les emmerdes commencent réellement avec l'arrivée de ces étrangers, alors que jusqu'ici l'ambiance était plutôt bon enfant.
Emmerdes qui s'estompent un moment, le temps d'un poème et de retrouver le soleil des champs, jusqu'au final brutal, symbole de toute leur naïveté infantile, ne voulant sur le seuil de la mort que d'éteindre leurs yeux sur le visage de l'autre, à jamais.
Je fini sur ce plan du regard envoutant de Bonnie vers Clyde, qui pour bien résumer le film n'a vécu que pour lui, contraste avec son regard las derrière les barreaux de son lit.